Chaque jour, des femmes, qu'elles soient habillées en jupe ou en jean, qu'elles soient jeunes ou non, sont victimes d'injures sexistes et de remarques déplacées de la part d'inconnus croisés dans les transports. Parfois, ces derniers poussent le harcèlement jusqu'à l'attouchement, puis se retranchent derrière l'argument douteux "Si elle s'habille comme ça, c'est qu'elle le cherche".
Une banalisation des comportements sexistes insupportable à laquelle le gouvernement semble décidé à s'attaquer. En pleine Semaine internationale contre le harcèlement de rue (du 12 au 18 avril), le Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes a remis ce jeudi 16 avril à Marisol Touraine et Pascale Boistard un rapport sur le problème du harcèlement sexiste et des violences sexuelles dans les transports en commun.
Ses conclusions, alarmantes, permettent de mesurer l'étendue du fléau. Alors que deux tiers des utilisateurs des transports en public sont des femmes, le rapport affirme que 100% des utilisatrices ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles, qu'elles en soient conscientes ou non. Dans 50% des cas, les victimes de harcèlement dans les transports sont mineures. Dans les transports en commun, les femmes sont aussi les principales victimes d'injures et insultes, tout comme la majorité des victimes de violences sexuelles.
C'est pour dénoncer ces comportements aussi primaires qu'abusifs, mais aussi pour inciter les femmes à se déplacer librement et sans peur que le collectif #StopHarcèlementDeRue a décidé d'agir. Mercredi 14 avril, ses membres ont diffusé sur leur page Facebook une affiche évocatrice, qui, pour sensibiliser, n'hésite pas à détourner la campagne "Restons civils sur toute la ligne" de la RATP. On y voit une scène de harcèlement aussi banale que dérangeante : celle d'une jeune femme victime d'attouchements dans le métro par un homme, représenté sous les traits d'un crocodile - clin d'oeil au projet Crocodiles de Thomas Mathieu.
"Dans les bus, les rames et les wagons, les agressions sexuelles, c'est 5 ans de prison", rappelle #StopHarcèlementDeRue sur l'affiche.
"Notre objectif est que les pouvoirs publics se saisissent pleinement du problème, qu'ils soutiennent notre travail d'éducation et de sensibilisation", explique Olga Volfson, membre de #StopHarcèlementDeRue depuis juillet 2014. "Le but de la campagne est aussi de faire comprendre aux victimes qu'elles ont le droit de de réagir et de se défendre, qu'elles ont le droit de dire non à leur agresseur, et qu'en aucun cas, ce qu'elles subissent n'est normal ou tolérable. Le harcèlement de rue est une réalité, mais pas une fatalité, il faut lutter contre."
Haro sur les relous
Reste désormais à convaincre les pouvoirs publics de se saisir du problème. "Le rapport de Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes ouvre vraiment la voie vers une reconnaissance des violences sexistes que subissent régulièrement les femmes dans la rue ou les transports, estime la militante. Nous attendons maintenant de voir les mesures concrètes qui vont être appliquées. Nous avons diffusé notre campagne sur les réseaux sociaux, pour le moment nous ne savons pas encore si la RATP va s'en inspirer. Mais justement, dans le rapport du HCEfm, ils affirment vouloir faire faire une campagne d'affichage contre le harcèlement, donc la balle est dans le camp."
En attendant le plan d'action du gouvernement, qui sera être dévoilé par Marisol Touraine en juin prochain, #StopHarcèlementDeRue poursuit son travail de terrain. Outre sa campagne d'affichage et de tractage, le collectif organise régulièrement des happenings d'"héroïnes antirelous" pour sensibiliser les usagers du métro aux cas de harcèlement sexuel et permettre aux femmes de se réapproprier les transports en commun.
Ce jeudi, à 17 heures, #StopHarcèlementDeRue organisera aussi "Gare aux relous", un spectacle d'improvisation sur le harcèlement et invitera les passants à participer.
>> #TakeBackTheMeto : la campagne pour dire non au sexisme dans les transports <<