Perruques roses à paillettes sur la tête, flyers à la main, une vingtaine de jeunes femmes a déboulé jeudi soir sur la ligne 7 bis du métro parisien. Non pas pour organiser une fête improvisée sur le réseau ferré, mais pour inaugurer #TakeBackTheMetro, la nouvelle campagne d'Osez le féminisme contre les « comportements sexistes et sexuels » dont sont régulièrement victimes les femmes dans les transports en commun.
Ce soir des militantes de Paris on fait une #teufsdemeufs dans le #metro pour le lancement de #takebackthemetro pic.twitter.com/sbQl7tQnmF
— Osez le féminisme (@osezlefeminisme) 30 Octobre 2014
Alors qu'était dévoilée mercredi 29 octobre une étude révélant le sentiment d'insécurité des Françaises dans les transports, l'objectif de ce drôle de happening tombe sous le sens : sensibiliser les usagers du métro et les pouvoirs publics aux cas de harcèlement sexuel et permettre aux femmes de se réapproprier les transports en commun.
S'inspirant de « Take Back the Night », ces marches organisées par les femmes dans les années 1970 pour revendiquer leur droit à se déplacer sans peur dans les rues de New York, les féministes distribuent tracts et autocollants aux passagers du métro, mi-amusés, mi-intrigués.
« Nous voulons nous réapproprier un espace où la femme est de moins en moins à sa place. Plutôt que de ne plus prendre le métro parce qu'on a peur, prenons-le ensemble pour s'y imposer. Les transports symbolisent la liberté de mouvement, c'est capital », rappelle la porte-parole d'OLF Anne-Cécile Mailfert.
Pour étayer ses actions, l'association a réalisé une enquête auprès de 150 usagères du métro parisien. Édités sur les tracts, les chiffres de l'étude sont édifiants : 94% des femmes interrogées déclarent ainsi avoir déjà été victimes de violences sexistes (regard malveillant, sifflement jusqu'à l'agression) dans les transports. 41% disent avoir déjà subi des violences physiques (mains aux fesses, attouchements, viol). Face à ce sentiment d'insécurité, les trois-quarts des répondantes affirmer changer leur comportement ou s'interdire certaines tenues par peur d'une agression.
Plutôt que de dramatiser un peu plus les violences sexuelles subies par les femmes dans les transports en commun, l'association féministe a préféré opter pour l'humour et les « actions festives » afin de sensibiliser les usagers. Osez le féminisme ! a ainsi réalisé une série d'autocollants qui détournent habilement les pictogrammes de la RATP. « En cas d'affluence, ne pas en profiter pour se frotter à sa voisine », indique l'un des stickers, tandis qu'un autre conseille de « crier, demander de l'aide, baffer » en cas de harcèlement ou d'attouchements sexuels.
Avec #TakeBackTheMetro, l'objectif est aussi d'alerter les pouvoirs publics sur la multiplication des cas de harcèlement dans les transports, et d'enfin y apporter une solution concrète. « La RATP communique sur tout un tas de risques : vols, mendicité, pickpockets, terrorisme… mais rien sur les agressions faites aux femmes, analyse Anne-Cécile Mailfert. Il ne s'agit pas d'exposer une fois de plus le harcèlement de rue, mais de proposer des solutions. »
Une pétition à cet effet a aussi été mise en ligne sur Macholand.fr pour demander aux services de transports en commun et aux syndicats « de mettre en place un plan de prévention et de lutte contre les violences sexuelles dans le métro. » Ce vendredi après-midi, elle a déjà recueilli près de 2 500 signatures.
>> Macholand.fr : la plate-forme collaborative qui épingle les propos et les pubs sexistes <<