Animaux loin d'être bêtes, filles qui jouent au pirate, lapin qui craint d'être en retard, princesses qui ne se laissent pas marcher sur les couettes... D'une histoire à l'autre, la littérature jeunesse amuse et émeut. Entre rires et pleurs, sujets sensibles et univers délurés, ces huit livres pour enfants sont les cadeaux idéaux pour Noël : ils sauront satisfaire petits et grands.
Léo, c'est un lionceau. Le jeune animal fuit son pays en guerre. Et c'est en musique qu'il trace sa route. C'est par le prisme du conte illustré que Laurent Kebous, Tomas Jimenez et Ludovic Bouillé ont décidé d'évoquer la situation des réfugiés aux tout petits. L'occasion d'aborder des notions aussi capitales et universelles que le rapport à l'autre, l'exil, l'identité. Et en rythme, s'il vous plaît : début 2020 sortira effectivement une version audio de ce récit, racontée par Néry Catineau. Pour chaque livre vendu, 1 € sera reversé à l'association S.O.S. Méditerranée .
Mondial Stéréo, par Laurent Kebous et Tomas Jimenez
Baco Records, 15 euros. A dégoter ici.
La littérature jeunesse est bien connue pour bousculer les codes comme les genres. Et l'autrice Sophie Gourion le démontre avec ce très joli livre pour enfants aussi féministe qu'épanouissant. Au fil des pages, l'on apprend que, et oui, les petits garçons eux aussi ont le droit de pleurer. Ou de danser. Et que les filles peuvent très bien se déguiser en pirates, prendre des risques, être aventureuses. Ne vous en déplaise ! Les illustrations d'Isabelle Maroger confèrent une finesse supplémentaire à ce texte subtil et moderne.
Les filles et les garçons peuvent le faire aussi, par Sophie Gourion et Isabelle Maroger.
Editions Gründ, 2019, 48 p., 12,95 euros. A dégoter ici.
Après un premier tome abordant le thème du harcèlement scolaire, c'est un sujet tout aussi tabou dont s'empare Elodie Crepel avec Ycare, un enfant sensible : l'hypersensibilité. Un trait de caractère dont souffre le jeune Ycare, enfant fétiche au quotidien pas toujours facile. Et si l'on abordait ce phénomène si incompris en instruisant et en positivant ? Bienveillance et ludisme caractérisent cette oeuvre aussi pédagogique que salutaire. "Un enfant doit se sentir aimé et accepté pour ce qu'il est ! Il lui est ainsi beaucoup plus facile de s'aimer lui-même et de s'épanouir avec les autres", explique l'autrice. Et l'on ne saurait lui donner tort.
Ycare, un enfant sensible, par Elodie Crepel
Editions Ailes et Graines, 40 pages, 18 euros. A dégoter ici.
Bien connue pour son réjouissant texte sororal Chattologie (incarnée au théâtre avec la très truculente Klaire fait Grrr), Louise Mey s'exerce ici à un exercice ô combien périlleux : parler du deuil à nos chères petites têtes blondes. Dans Le jour du vélo rouge, on suit l'errance solitaire d'un adolescent livré à lui-même, épaulée par une vieille voisine. Et autant dire qu'il en faut peu pour verser sa petite larme. Une évocation pleine de nuances d'un thème dramatique, et pourtant si omniprésent au sein de la littérature de jeunesse.
Le jour du vélo rouge, par Louise Mey et Thorn.
Editions Lapin, 80 p., 16 euros, A dégoter ici.
S'emparer de Comme un million de papillons noirs, c'est avoir entre les mains une perle rare de la littérature pour enfants. Car avec ce livre poétique financé en crowdfunding, Laure Nsafou propose aux lectrices et lecteurs ce qu'ils n'ont que trop peu vu : une petite fille noire comme héroïne. Soit Adé, gamine curieuse et attachante aux magnifiques cheveux crépus. En fait, c'est comme si elle avait "un million de papillons noirs sur la tête", ironisent ses camarades de classe. Ces tifs qui sont sa force, elle va les questionner, en compagnie de sa mère et de ses tantes. Ou comment délivrer un message de tolérance tout en défendant une vision plus inclusive de la littérature.
Comme un million de papillons noirs, par Laura Nsafou et Barbara Brun
Editions Cambourakis, 32 p. 14 euros, A dégoter ici.
Attention, merveille. Ce récit pour enfants est un livre d'artiste dont les pages, emplies de détails, sont découpées au laser. Autrement dit, une suite de tableaux dont la conception fut très méticuleuse. On y suit les pas du facétieux lapin Jacominus Gainsborough, le personnage fétiche de l'autrice Rebecca Dautremer. Comme tous les lapins, celui-ci craint d'être en retard à son rendez-vous. Et c'est émerveillé que nous assistons à ses tribulations. Couvert de lauriers par la presse, Midi Pile a également récolté l'un des grands prix du Salon du livre jeunesse de Montreuil. Une malle aux trésors à explorer et à bichonner.
Midi Pile, par Rebecca Dautremer.
Editions Sarbacane, 212 pages, 49,50 euros. A dégoter ici.
Dans ce conte revisité, les princesses n'ont plus envie d'être délivrées par le prince charmant. Non non, elles se débrouillent très bien toutes seules. Ici, elles sont douze. Leur mère vient de mourir et les jeunes femmes se retrouvent privées de leurs libertés par un père sur-protecteur. Résultat, c'est grâce à l'imagination qu'elles s'évaderont. Et tant pis pour le Roi ! Sur cette réécriture malicieuse souffle un vent de fraîcheur évoquant des dessins animés comme Raiponce et Rebelle. Les esquisses d'Angela Barrett qui accompagnent le texte, elles, sont tout simplement... féeriques.
Douze princesses rebelles, par Jessie Burton et Angela Barrett.
Gallimard Jeunesse, 160 p., 18,90 euros. A dégoter ici.
On vous l'a dit : désormais, les animaux décrochent le premier rôle dans les livres pour enfants. Ils ne sont plus juste des figurants, mais des personnes à part entière, pourvues de conscience, libres de papoter. Et ce n'est pas Bruno Gibert qui nous dira le contraire. Avec Pas Perdus, l'auteur donne la parole à nos amies les bêtes. Mais dans un contexte particulier : ces photos de matous et toutous employées en guise d'avis de recherche quand les animaux sont égarés. Que nous racontent au juste ces museaux figés ?... Ici, en tout cas, ils écrivent des lettres à leurs maîtres et maîtresses. Et le font drôlement bien. Un récit plein de pudeur, de poils et de fantaisie.
Pas perdus, par Bruno Gibert
Editions L'École des loisirs, 160 p., 12 €. A dégoter ici.