"S'ouvrir au monde d'aujourd'hui en parlant du passé". C'est le projet ambitieux que s'entachera d'entreprendre Laurence des Cars, nouvelle présidente-directrice du Musée du Louvre, tout au long de son mandat d'une durée de 5 ans, au minimum.
Intitulé "Louvre 2030", il souhaite, entre autres, "casser la distance" qui rendrait l'entrée des lieux trop intimidante, mais aussi "placer la jeunesse au centre des préoccupations", en élargissant notamment les horaires en nocturne. "Sa mission sera de réaffirmer la vocation universelle du Louvre, en faisant du dialogue entre l'art ancien et le monde contemporain l'une de ses priorités, avec le souci constant de la transmission au plus grand nombre", énonce le ministère de la Culture dans un communiqué.
Ces grandes lignes prometteuses, l'historienne de l'art, spécialiste du XIXe et du début du XXe, les a évoquées lors de son entretien matinal sur France Inter, ce mercredi 26 mai. "C'est à nous de casser la distance, la barrière, d'imaginer des programmes, des expositions, d'inviter aussi des voix, celles des scientifiques, des grands savants qui font les équipes du Louvre", développait-elle. "Il faut que nous partagions notre connaissance, notre expertise, avec les autres, et que nous donnions aussi la parole à d'autres sensibilités : historiens, créateurs... Le Louvre est la maison de tous les arts et de tous les artistes."
Et de poursuivre : "Le musée est une chambre d'écho de la société, il est au coeur de la société. Il a toujours reflété le monde qui l'entoure."
C'est aussi à ce moment-là qu'elle a révélé prendre les rennes de l'établissement prestigieux, succédant à Jean-Luc Martinez. Une information d'autant plus inédite qu'en presque 230 ans d'existence du Louvre, Laurence des Cars est la première femme à occuper ce poste. Et son parcours impressionnant justifie ce choix haut la main.
Diplômée de l'Institut national du patrimoine, elle devient conservatrice du Musée d'Orsay de 1994 à 2007, puis assure la préfiguration du Louvre Abu Dhabi en tant que directrice scientifique. En 2014, elle est nommée à la tête du Musée de l'Orangerie et en 2017, à celle du Musée d'Orsay, qu'elle a fait entrer dans la modernité.
"Sa problématique est vraiment de faire entrer le musée dans des questions sociétales, de le faire intervenir dans les préoccupations contemporaines et pas seulement comme un temple de l'art, comme il était conçu auparavant", analyse Sarah Hugouneng, journaliste au Quotidien de l'Art, auprès de France Culture.
Sous son impulsion, ajoute le média, le ministère de la Culture a lancé la procédure de restitution du tableau de Gustav Klimt, Rosiers sous les arbres, aux ayants droit de Nora Stiasny. Celle-ci en avait été spoliée par les Nazis, à Vienne, en août 1938. A ce sujet, la grande admiratrice de Courbet et Manet, dira : "Un grand musée se doit de regarder en face l'histoire, y compris en se retournant sur l'histoire même de nos institutions." Autre point majeur au programme : la création d'un neuvième département, consacré à Byzance et aux chrétiens d'Orient, qui incarnera sa première mesure.
Dans les milieux universitaires et féministes, on s'enthousiasme. La philosophe Camille Froidevaux-Metterie a notamment tweeté : "Nous verrons s'il faut s'en féliciter sur le fond de son programme, mais sur le plan symbolique, on s'en réjouit déjà !".
En 2017, la désormais présidente-directrice du Louvre lançait au micro de France Inter, comme rapporté par Libération : "Il est très important que les femmes dans les métiers de la culture se portent candidates à ces postes et se battent pour les avoir... J'espère que dans les années qui viennent, on verra de plus en plus de femmes à la tête de ces institutions." Une chose est sûre : c'est en bonne voie.