Depuis que le port du masque est fortement recommandé, et jugé essentiel pour venir à bout de l'épidémie en l'absence de traitement efficace et de vaccin par l'Académie nationale de médecine, et les spécialistes, la protection faciale fleurie. En tissu, maison ou jetable, c'est selon ses moyens.
Seulement depuis quelques semaines, on remarque aussi que l'accessoire sanitaire jonche les trottoirs, les plages, les forêts. On retrouve le modèle chirurgical dans les caniveaux, loin des poubelles, à l'heure où le respect de l'environnement est pourtant un combat crucial. S'ajoute à cela un risque de contamination pour ceux et celles qui nettoient les espaces publics.
La question demeure : comment s'en débarrasser correctement ?
Arnaud Chaudière, responsable de la propreté urbaine de La Tour-du-Pin, en Isère, rappelle à France Bleu : "on parle de déchets potentiellement contaminés par le coronavirus". Et déplore : "l'immense majorité est jetée dans les corbeilles de rue. Il suffit d'un coup de vent, notamment sur des masques chirurgicaux qui sont particulièrement légers, et ça peut vite sortir des poubelles."
Pareil lorsqu'on le balance librement dans les conteneurs à poubelles situés dans la cour des immeubles ou devant chez soi. Lors de la levée de la poubelle par le camion, le masque peut s'envoler, précise l'expert. Les agent·e·s d'entretien qui doivent ensuite les ramasser craignent pour leur santé.
"Un masque par terre, en plus de générer une pollution, c'est une rupture dans notre chaîne commune de protection face au virus, car c'est potentiellement un déchet infecté que l'on met dans l'espace public, martèle en ce sens à L'Obs le cabinet de Brune Poirson, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire. "Il y a quelque chose d'assez paradoxal à chercher à se protéger soi-même du virus tout en participant potentiellement par ailleurs à sa propagation."
Pour ces raisons, le gouvernement demande à ce que les masques, gants et lingettes soient jetés dans un sac poubelle dédié, qui une fois plein sera refermé puis conservé 24 heures avant d'être placé dans le sac poubelle pour ordures ménagères, noué à son tour une fois rempli. Dr Michaël Rochoy, médecin généraliste et co-fondateur de Stop Postillons, avise ainsi d'éviter les endroits où l'on pourrait remettre la main, "comme une poubelle de salle de bain".
Autre alternative, bien que polluante admet Arnaud Chaudière : placer le masque dans un petit sachet avant de glisser le tout dans la corbeille. Mais surtout, éviter le bac jaune : "Pour le moment, les masques ne sont pas recyclables", poursuit-il auprès du média régional. "Les collègues du centre de tri, quand ils doivent reprendre manuellement et manipuler des dizaines et des dizaines par jour, ce n'est vraiment pas propre. Ne pensez pas faire quelque chose de bien en mettant vos masques au recyclage, c'est tout le contraire."
Écologiquement, à raison d'un masque à usage unique toutes les quatre heures, les dégâts sont considérables. L'association Opération Mer Propre a d'ailleurs repéré des centaines d'exemplaires dans les fonds marins : "C'est très léger, dans l'eau, c'est comme une méduse. Ça part avec le courant, et ça va très loin", alerte un plongeur à Franceinfo. Reste l'option tissu, plus onéreuse, mais qui peut se réutiliser après un lavage à 60°C minimum, pendant 30 minutes.
Contacté par le média, le ministère de l'Ecologie a confié que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et le ministère de la Santé travaillaient à un potentiel recyclage. "Plusieurs techniques sont en cours d'évaluation comme la stérilisation par oxyde d'éthylène, la décontamination au peroxyde d'hydrogène, l'irradiation par des rayons gamma ou bêta", a-t-il précisé.
Une vingtaine d'équipes formées par le CNRS et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) étudient de leur côté une façon d'éliminer le virus de la protection tout en préservant son efficacité. Les premiers résultats s'annoncent prometteurs mais restent "à ce stade considérés comme des recommandations, que seules les autorités compétentes pourront faire", a précisé le professeur Philippe Cinquin au journal du CNRS.