Depuis le 2 avril, l'Académie nationale de médecine appelle au port de masque généralisé en France, "afin de limiter le risque de transmission directe du virus par les gouttelettes projetées à l'occasion de la parole, de la toux et de l'éternuement". Pour pallier le manque de dispositif sanitaire, les Français·e·s se sont rapatrié·e·s sur des modèles dits "alternatifs", en tissu, achetés en ligne ou fabriqués maison.
Des masques de toutes les couleurs, homologués Afnor ou non, souvent confectionnés à partir de coton. Seulement, est-ce réellement le matériau le plus adapté à cette utilisation, et surtout le plus filtrant ?
Réponses.
L'Agence française de normalisation (Afnor) conseille de son côté d'utiliser deux ou trois couches pour réaliser un masque maison. Celles-ci doivent respecter plusieurs critères : être lisses, non irritantes, serrées, pas trop chaudes, et suffisamment souples pour s'appliquer autour du visage et assurer l'étanchéité, appuie CNews.
Pour un masque de catégorie 1 (qui filtre plus de 90% des particules émises d'une taille supérieure ou égale à 3 microns), l'Afnor recommande ainsi d'avoir recours à du tissu en coton, polyester, ou polyamide, et plus précisément, d'associer une couche de coton 90g/m2, une couche de tissu non tissé 400g/m2 puis à nouveau une couche de coton 90g/m2.
Difficile de vous en procurer ? Le site précise : "A défaut d'avoir accès à ces étoffes, misez sur la complémentarité : le filtre est plus efficace si l'on choisit trois étoffes différentes", avise l'Afnor. "1 coton épais, type torchon de cuisine, 1 polyester, type t-shirt technique, pour le sport, 1 petit coton, type chemise".
Pour en savoir davantage sur l'efficacité de chaque tissu, des chercheurs de l'université de Chicago ont étudié la capacité de plusieurs sortes à filtrer des aérosols de la même taille que les micro-gouttelettes vecteurs du virus, projetées lors d'une conversation, d'un éternuement ou d'une toux (de 10 nanomètres à 6 micromètres, détaille Futura Sciences).
Ils ont ainsi diffusé ces particules à l'aide d'un ventilateur, pour simuler la respiration d'une personne au repos, vers différents échantillons de tissu. Les scientifiques ont vérifié leur nombre et leur taille dans l'air, avant qu'elles traversent chaque étoffe, et après, afin de mesurer leur performance.
Bilan : l'association d'un morceau de coton avec de la soie ou de la mousseline de soie, de la flanelle ou du polyester-Spandex offrent les meilleurs résultats (selon leur taille, 80 à 99 % des aérosols ont été filtrés). D'après les auteurs, le tissage serré du coton agit comme "une barrière mécanique aux particules", et le polyester, la soie ou la flanelle forment une "barrière électrostatique".
Quelle que soit l'option choisie, on rappelle qu'il est essentiel de laver son masque au bout de quatre heures, quotidiennement, afin d'inactiver le virus potentiellement présent sur le tissu - et ce pendant minimum 30 minutes à 60 degrés.