Dans la rue, les lieux publics et certains magasins, le port du masque est fortement recommandé par l'Académie de médecine. "Le seul moyen de lutte [contre le Covid-19] consiste à empêcher la transmission du virus de personne à personne", atteste l'organisme dans un communiqué daté du 22 avril. "L'entrée en confinement a renforcé les mesures de distanciation appliquant le principe 'rester à un mètre les uns des autres'. Mais il s'avère, à l'usage, que ces mesures sont souvent mises en défaut dans les espaces restreints".
Les spécialistes l'assurent : la solution reste le masque, dont le principe "altruiste" vise à protéger les autres de nos projections de micro-gouttelettes potentiellement infectées, pour endiguer la propagation de l'épidémie.
Qu'il s'agisse de masques en tissu, d'écrans anti-postillons réalisés à partir d'une chaussette ou d'un bandana et de deux élastiques, il est ensuite essentiel d'entretenir scrupuleusement ces protections faciales, afin d'inactiver le virus qui pourrait s'y trouver. Au bout de quatre heures, et quotidiennement, on doit donc retirer son masque en ne touchant qu'aux attaches, le déposer dans la machine à laver, se laver directement les mains derrière et lancer un programme à 60°C, pour 30 minutes minimum.
Seulement le rituel, aussi nécessaire soit-il, peut poser problème en termes d'organisation ou de matériel (tout le monde ne possède pas de machine à laver). Sur les réseaux sociaux, certain·e·s ont avancé que l'on pouvait faire bouillir notre masque dans une casserole d'eau. Aussi pratique semble l'astuce, est-elle cependant efficace et sans danger ?
Début avril, la revue The Lancet Microbe a publié des recherches spécifiques mettant en lumière la résistance du virus responsable du Covid-19. Dedans, on apprend qu'exposé à 22°C, il était devenu inactif au bout de deux semaines, au bout de trente minutes à 56°C et au bout de seulement cinq minutes à 70°C.
C'est après ces conclusions que le corps médical s'est accordé à préconiser un lavage à 60°C, pendant trente minutes, afin de se débarrasser du coronavirus mais aussi des autres micro-organismes qui se trouveraient sur le masque. On pourrait donc logiquement conclure que plongé dans de l'eau bouillante, soit dans 100°C, le virus nécessite moins de temps pour disparaître.
Certes, sous cette chaleur, potentiellement plus de Covid-19. Mais un tissu qui risque d'être endommagé. "Ça pourrait marcher", estime Bruno Grandbastien, président de la Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) à LCI. Seul souci : les masques devraient alors "résister à des températures de 90 degrés ou plus pendant une durée assez longue". Ce qui n'est pas le cas de tous les tissus.
Le Dr Michaël Rochoy, médecin généraliste et co-créateur de Stop Postillons, évoque lui aussi le risque d'altérer le matériau. Afin de faciliter l'entretien, il conseille de se rabattre sur une eau que l'on porterait à 70°C (en utilisant un thermomètre de cuisson) pendant 5 minutes. Il rappelle toutefois que "cela va inactiver le coronavirus mais pas certains autres micro-organismes, et comme il s'agit d'un tissu que vous allez porter sur la bouche et le nez, il est préférable d'éviter la prolifération de levures ou autres."
L'expert admet cependant que "si vous n'avez pas le choix une fois ou deux, parce que la vie fait que nous ne pouvons pas lancer des machines à laver chaque soir, un lavage bref à 70° peut faire l'affaire. Il faut quand même relativiser et se dire que les 'autres micro-organismes' prolifèrent aussi sur les écharpes, cache-nez ou autres que nous portons plusieurs semaines sur le visage l'hiver sans les passer à la machine toutes les 4 heures."
Résumé : à 100°C, on évite, mais on ne range pas sa casserole pour autant.