Connaissez-vous Dirty Diana ?
"Dirty" étant traduisible par "sale" ou "polissonne", vous saisissez le contexte : il s'agit de confessions pour oreilles averties. Soit celles de la Diana en question, qui récolte les témoignages de femmes posant des mots sur... Leurs fantasmes sexuels les plus inavoués. Et cela, c'est le topo d'un podcast éponyme, et pas des moindres.
Car c'est un podcast de star.
Sa productrice, et sa narratrice, au gré des épisodes, n'est autre que Demi Moore. Celle qui plus que jamais affirme sa liberté de création, mais aussi sa sexualité, dans une industrie qui trop longtemps lui a imposé ses propres désirs (comme lors de ce strip tease en pleine émission télé), compte bien mettre à l'honneur le plaisir féminin. Et celui des femmes une fois passé le cap de la quarantaine. L'actrice sexagénaire redouble d'autant plus d'audace en soutenant un roman qui découle de ces podcasts : Dirty Diana, dont le premier tome est à retrouver chez Michel Lafon.
Un roman érotique, donc, qui entremêle tranches de la vie de Diana, femme en couple ordinaire mais ennuyée par la routine, et le caractère bien plus excitant des excursions sensuelles qui ponctuent le récit. Lequel met un point d'honneur à honorer le point G. Intelligemment. "C'est romantique, libérateur et délicieux", se réjouit carrément Demi Moore herself en guise d'accroche à ce joli pavé qui se voit également validé par Lena Dunham et Melanie Griffith. Excusez du peu.
Mais ce n'est pas tout...
Ceux qui ont vu The Substance envisagent volontiers la "nouvelle" Demi Moore.
Lors d'une scène particulièrement émouvante, celle-ci s'affiche totalement nue, en tenue d'Eve, face à son miroir. Elle contemple son corps et lui adresse un regard où s'éprouvent jugements, complexes, dureté. Ce regard c'est aussi celui que la société patriarcale renvoie à son personnage, cette star jugée trop vieille pour être "rentable" et "sexy".
C'est le chemin inverse qu'emprunte Demi Moore, la vraie, dans la vie : celui de l'acceptation malgré le poids de ces injonctions, du plaisir décomplexé, de la mise en avant de voix féminines également. Comme celles de Jen Beser et Shana Feste donc, les créatrices du podcast Dirty Diana, que l'on retrouve en tête de cet insolent page turner de près de 400 pages. Et dont plusieurs opus sont encore à venir.
"C'est un podcast qui est si authentique, convaincant et érotique qu'il donne envie de faire l'amour avec son partenaire après l'avoir écouté. On y retrouve l'étonnante et sexy Demi Moore, qui a donné vie à mes personnages et leur a donné une sensualité et une sexualité palpables", se réjouissait à propos du podcast initial sa réalisatrice, Shana Feste donc.
Sans vouloir spoiler, c'est le même état d'esprit que l'on retrouve au gré de ces chapitres, à la fois très introspectifs, drôles (Diana y est pour beaucoup) et... Très frontaux quand il s'agit de sexe. La jouissance y est au premier plan et le clitoris a droit à ses belles lettres. C'est pas trop tôt.
Derrière l'insouciance de la narration, on peut y voir une belle déclaration d'amour au corps féminin, à la sexualité dans ce qu'elle a de plus épanouissante et surtout, à l'exploration de soi, aux confins de l'orgasme, à maintes fois décrit par ses autrices. Surtout lors des passages en italiques (astuce pour les lecteurices les moins patients, on vous voit).
Le tout, sans que le roman ne sombre pourtant dans les préjugés associés au genre, à savoir la kitscherie facile, la ringardise ou à l'inverse la vulgarité vénér. C'est intime, et c'est politique, d'autant plus quand le soutien principal de tout ce récit est une actrice qui fut blâmée... pour avoir osé s'afficher en bikini à 40 ans. Oui oui, rappelez vous.
Alors, envie de rencontrer Diana ?