C'est une nouvelle à célébrer. Les Françaises sont beaucoup plus nombreuses qu'il y a quelques années à affirmer se masturber. 56 % en mars 2021 pour nos compatriotes, contre 41 % en juin 2017, d'après un sondage de l'Ifop réalisé à l'occasion de leur second volet de l'Observatoire européen de la sexualité féminine à l'heure du Covid, en partenariat avec la plateforme de contenus pour adulte Pokmi.
Une tendance à la hausse qui se confirme partout en Europe, puisque l'Institut français d'opinion publique note une croissance de 3 points en moyenne. Et les raisons se résumeraient majoritairement à deux facteurs : un plus grand accès aux films X, et la normalisation de l'utilisation de sextoys.
"Cette généralisation de l'auto-érotisme féminin va de pair avec un accès croissant des Européennes à des supports d'excitation sexuelle comme les vidéos pornographiques", analyse ainsi l'étude. Et d'ajouter : "Cette banalisation du plaisir solitaire est aussi à lier à un accès de plus en plus large à des objets de stimulation physique : près d'une Française sur deux (46 %) admettant avoir déjà utilisé un vibromasseur dans leur vie".
Des tabous qui s'envolent pour un plaisir qui décolle ? Doucement mais sûrement.
François Kraus, directeur du pôle Genre et Sexualités, pointe également du doigt la façon dont les mentalités et les stéréotypes ont évolué autour de la consommation de pornographie. "Contrairement à certains clichés longtemps véhiculés sur le sujet, [cette pratique] n'est pas qu'une affaire d'hommes". On ne pourrait être plus d'accord.
Le spécialiste poursuit : "En France comme dans les autres grands pays européens, le nombre de femmes ayant déjà gouté à ce genre cinématographique est en hausse constante depuis plusieurs années - au moins une quinzaine d'années en France - sous l'effet d'un changement des représentations culturelles sur le sujet mais aussi d'une dématérialisation de sa consommation".
Et puis, il mentionne un autre sujet au coeur des débats, source d'une libération sexuelle empouvoirante : la remise en question essentielle des croyances selon lesquelles la pénétration serait le seul mode de rapport valide.
"Symptomatique d'une évolution des normes culturelles pesant sur la sexualité féminine, cette plus forte propension des Européennes à se masturber met en évidence une aisance à assumer la part purement individuelle et compulsive de leur sexualité et plus largement d'un acte sexuel ne se situant pas dans le cadre socialement 'acceptable' du couple", signe l'expert.
Et d'ajouter : "Symbole de la conquête de l'indépendance sexuelle des femmes, cette banalisation de la masturbation féminine nous paraît très révélatrice d'une approche plus hédoniste et autonome de la sexualité féminine, en rupture avec la vision traditionnellement 'pénétrative' du plaisir féminin". Enfin.