Militante afroféministe, écrivaine, poétesse, scénariste, activiste des droits civiques... On pourrait s'appesantir longtemps sur les multiples casquettes de Maya Angelou, autrice de renom originaire du Missouri. Pour bien des spécialistes de littérature, l'artiste, disparue il y a six ans, est indissociable du patrimoine culturel américain. Une plume qui traverse les générations, les genres (de la pièce de théâtre aux livres pour enfants) et les luttes. C'est d'ailleurs ce que démontre aujourd'hui l'entreprise Mattel, en proposant une Barbie à son effigie.
Une poupée Maya Angelou, une idée exceptionnelle ? Oui et non : cette salutaire initiative s'inscrit dans la lignée de la collection "Inspiring Women", laquelle a pour intention de déployer une série de "femmes inspirantes" sous la forme des fameux jouets. De l'activiste Rosa Parks à la professionnelle de la santé Florence Nightingale, pionnière britannique des soins infirmiers modernes, les figures emblématiques ne manquent pas au sein de cette collection susceptible de stimuler les consciences des plus petit·e·s.
Comme le détaille le Guardian, cette poupée annoncée par Mattel en cette mi-janvier est commercialisée pour la somme de 29,99 dollars, en série limitée. Et elle est déjà en rupture de stock. Pour Mattel, il s'agit, à travers l'effigie de l'autrice aux sept autobiographies, de célébrer la vie et le courage "des femmes qui ont pris des risques, changé les règles et ouvert la voie à des générations de filles pour rêver plus grand". Un message des plus empouvoirants.
Vêtue d'une robe à motifs floraux et d'une serre-tête, cette poupée-là dénote par son air fier et triomphant. Une posture qui réjouit Guy Johnson, le fils de la poétesse. "Ma mère était une pionnière, avec un désir invincible de justice. À travers ses paroles et actions, elle a développé une capacité unique à façonner des liens profonds avec les gens du monde entier. Je suis ravi à l'idée qu'elle puisse inspirer de nouvelles générations d'enseignants, d'écrivains et de militants", a déclaré ce dernier au journal américain Today.
Ce jouet-là est une manière supplémentaire d'inscrire le nom de Maya Angelou dans la mémoire collective, et ainsi d'honorer ses combats. En 2014, l'écrivaine était déjà sacrée par le président d'alors, Barack Obama. Fan avoué de ses oeuvres, le leader lui décernait la plus haute distinction civile de la nation : la médaille présidentielle de la liberté. Un prix dont les récipiendaires redoublent d'engagement et de classe : l'autrice Harper Lee (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur), les chanteuses Aretha Franklin et Ella Fitzgerald, le pasteur Martin Luther King, Jr...
"Cette Barbie est un hommage remarquable à son héritage littéraire, et va attirer l'attention du monde entier sur son oeuvre", se réjouit encore Mattel du côté du Guardian.
Orienter tous les regards vers une oratrice essentielle pour qui s'intéresse à la condition des femmes noires, en pleine ère Black Lives Matter ? Une ambition qui ne fait qu'accentuer les avancées inclusives et progressistes de l'entreprise. En 2019, Mattel suscitait déjà l'émoi en proposant une Barbie noire en fauteuil roulant. On attend désormais leurs futures trouvailles.