"J'ai été violée par un proche de la famille quand j'avais 10 ans à l'arrière de la voiture de mes parents. J'ai été violée digitalement. Tranquillement, pendant que mes parents conduisaient, à côté de ma petite soeur Helena Noguerra, qui avait 3 ans". On se souvient de ces mots de Lio, prononcés en 2022.
"Jamais personne n'a nommé ça un viol et moi, je me suis rendue compte il y a deux ans que j'ai été violée", avait poursuivi avec gravité l'artiste. Aujourd'hui, la chanteuse féministe a décidé de revenir sur ce sujet. Elle l'aborde auprès de MAX, en plein mouvement #MeTooInceste. On la lit : "J'ai découvert il y a deux ans que j'ai été violée à l'âge de 10 ans. Avant, je disais juste : 'c'est un gros balourd, ami de mes parents, qui a profité de moi, pendant 40 minutes'..."
"J'ai été violée d'autres fois après, parce que je n'avais pas mis le mot sur le premier", poursuit-elle. Mais si Lio s'exprime, c'est aussi, à l'instar de la romancière Christine Angot (réécoutons son échange avec Augustin Trapenard), pour expliquer ce que cela fait de vivre avec une "salissure"...
"Une enfance avec un beau-père incestueux – je n'ai pas peur de le dire aujourd'hui – m'a aussi éloignée de ma soeur Helena Noguerra, parce que mon beau-père est son père", détaille notamment Lio, qui poursuit : "Ma vie est un combat de tous les jours. Il y a des matins pour me lever et faire un café, c'est la fin du monde. Tout ça ne finit jamais. Grâce à cette nouvelle génération de féministes, j'ai été un phénix, mais je n'ai pas encore fini".
"Ça prend toute une vie. Et tant qu'on ne s'aime pas, on n'aime pas les autres. Tant qu'on ne se fait pas confiance... Pourquoi je suis si méfiante, que j'ai tant de pare-feu, que je me prépare comme à un combat de krav maga à chaque fois que je vais dehors ?", déplore-t-elle encore avec amertume.
On se rappelle qu'en 2022, Lio déjà disait : "J'ai mis ce mot de 'viol' là dessus finalement. Et depuis rien ne va. On se débrouille parce qu'on n'est pas reconnue, pas accueillie. On est maltraitée même quand on vient porter plainte et que rien ne bouge". Dans ces paroles, une indignation qui palpite.
Et fait écho à ces paroles bouleversantes de Christine Angot, violée des années durant par son propre père : "Parfois, tout à coup, en rangeant des affaires, je me dis : Mais t'as pas vécu ça ! Ce n'est pas moi qui ai vécu ça ! C'est lamentable. C'est une peine. Je me suis toujours battue contre ça"
"Je suis contente d'arriver à écrire 'ce truc' et en même temps je le fais, donc ça me dégrade...Toute la honte qui est attachée à cela. C'est de la salissure"