Rappelez-vous, l'an dernier, Woody Allen avait dénoncé à Variety ce qu'il envisageait comme les ravages de la cancel culture et du mouvement #MeToo. Et ce alors que des manifestantes féministes étaient venues agiter le festival de Venise lors de la présentation de son film, "Coup de chance".
"Si un mouvement apporte quelque chose de positif pour les femmes, c'est une bonne chose. Quand ça devient n'importe quoi, c'est juste idiot", avait déploré le réalisateur de "Manhattan". Aujourd'hui, le cinéaste octogénaire annonce une autre chose, bien plus remarquée que cette "analyse" : il suggère vouloir arrêter le cinéma. Pour quelques raisons bien précises.
Tel que le relate Première, il l'explique dans une interview accordée à Air Mail : "L'ensemble du secteur a changé, et pas de manière attrayante. Le romantisme du cinéma a disparu... Je ne sais pas encore ce qu'il en est concernant le financement de mes films. Je ne veux pas avoir à aller collecter des fonds. Je trouve cela pénible".
C'est cela qui pourrait "empêcher" la conception de ses prochains films...
On le comprend, Woody Allen parle avant tout de l'évolution de la distribution des films au sein de l'industrie. "La distribution n'est plus ce qu'elle était. Aujourd'hui, la distribution, c'est deux semaines dans un cinéma... Et puis c'est tout. Annie Hall est resté un peu plus d'un an dans les salles de cinéma de New York !", déplore le metteur en scène à ce sujet. Ce qui, rapporte Première, l'inciterait à "envisager sérieusement la fin de sa carrière".
Pourtant, d'autres éléments démontrent comme un "décalage" entre Woody Allen et son époque. Ses propos sur #MeToo, on y revient, principalement. "Parfois, un mouvement comme #MeToo est justifié et très bénéfique pour les femmes mais parfois, je lis des affaires dans le journal qui me paraissent ubuesques", avait critiqué le cinéaste, précisant avoir en 50 films "toujours eu de très bons rôles pour les femmes, payées exactement le même montant que les hommes, des centaines d'actrices sans une seule plainte" !".
Ce rapport à #MeToo est un aspect qui n'est pas du tout anecdotique. La mention du cinéaste, accusé d'agressions sexuelles, provoque légitimement les réactions des militantes féministes, et leurs mobilisations, lors de projections, de rétros, de festivals. En outre, dans le milieu critique et cinéphile, on s'interroge à chaque nouveau métrage : faut-il boycotter Woody Allen ? Lire à ce sujet notre longue interview sur ce débat.
Cependant, Woody Allen ne dirait pas non à un dernier long : "Si quelqu'un se présente et appelle pour dire qu'il veut soutenir le film, alors j'y réfléchirai sérieusement... Je n'aurais probablement pas la volonté de dire non", affirme-t-il encore à Air Mail. Une fin de carrière qui tient donc de l'hypothèse.