Woody Allen est sur une drôle de pente.
Venu présenter son dernier film lors de la 80ᵉ édition de la Mostra de Venise (aux côtés de Roman Polanski et Luc Besson), qui s'est tenue du 30 août au 9 septembre 2023, le cinéaste, accusé d'agression sexuelle par sa fille adoptive, Dylan Farrow, n'est pas passé inaperçu.
L'avant-première du film en question, Coup de chance, s'est d'ailleurs vue perturbée par la mobilisation remarquée de manifestantes féministes venues entonner en coeur "non à la culture du viol" et "Arrêtez de mettre les projecteurs sur les violeurs", relate BFM TV.
Il faut dire que le réalisateur ne s'est pas fait discret.
Auprès du quotidien espagnol El Mundo, il a ainsi défendu Luis Rubiales, le président de la fédération espagnole de football qui a agressé sexuellement Jenni Hermoso, en lui imposant un baiser lors de la finale de Coupe du Monde féminine. "Il ne l'a pas violée, c'était juste un baiser et c'était une amie. Quel mal y a-t-il à cela ?", s'est exprimé le réalisateur de Manhattan et Match Point. Mais ce n'est pas tout...
Lors d'un entretien pour Variety cette fois ci, Woody Allen est longtemps revenu sur la cancel culture et la révolution #MeToo. En des termes qui ne devraient pas étonner grand monde...
Ainsi à propos de la cancel culture, le cinéaste new yorkais a déclaré : "Je trouve tout ça tellement idiot. Je n'y pense même pas. Je ne sais pas ce que ça signifie d'être "canceled" [annulé]". Des termes qui reviennent plus ou moins lorsqu'il aborde, en parallèle, le mouvement #MeToo : Si un mouvement apporte quelque chose de positif pour les femmes, c'est une bonne chose. Quand ça devient n'importe quoi, c'est juste idiot".
"Parfois, c'est justifié et très bénéfique pour les femmes, et tant mieux. Mais parfois, je lis des affaires dans le journal qui me paraissent ubuesques et je trouve ça idiot", a poursuivi le réalisateur, relate Allociné. Woody Allen se dit pourtant favorable au mouvement qui a éclaté à Hollywood en 2017.
Et insiste sur une chose : "J'ai réalisé 50 films. J'ai toujours eu de très bons rôles pour les femmes, eu des femmes dans mes équipes, je les ai toujours payées exactement le même montant que mes acteurs hommes. J'ai travaillé avec des centaines d'actrices et je n'ai jamais eu une seule plainte".
"Pas une seule n'a dit : 'En travaillant avec lui, il était méchant ou il me harcelait.' Cela n'a tout simplement jamais été un problème. Mes monteuses sont des femmes. J'ai travaillé avec des centaines d'actrices, connues ou inconnues. Personne ne s'est jamais plaint et il n'y a rien à redire".
Alors, faudrait-il boycotter Woody Allen ?
La sociologue Gisèle Sapiro nous répondait à ce sujet l'an dernier : "Le débat argumenté a plus d'impact que la "censure" afin d'engager une prise de conscience par les milieux concernés – ceux du cinéma, du théâtre, de la mode - de la nécessité de veiller à ce que des normes comportementales soient adoptées collectivement pour protéger les victimes potentielles".