
"Tout le monde avait honte !"
Rappelez-vous. En 2022, le député Adrien Quatennens, ex tête de proue de La France Insoumise (LFI), et bras droit de Jean-Luc Mélenchon, envisagé comme sa relève, fait l'objet d'une plainte, et d'une enquête. L'espoir de la gauche est reconnu coupable de violences conjugales à l'encontre de son ex épouse, Céline Quatennens.
Violences physiques, mais également psychologiques. On l'accuse à ce titre de contrôle sur sa conjointe, de volonté de possession, comme le fait d'avoir pris son téléphone portable contre son consentement. Au sein des milieux militants, des médias comme de la scène politique, on va tour euphémiser, ou au contraire rappeler la portée, d'une des violences épinglées : une gifle.

Or, très tôt, en septembre 2022, Jean-Luc Mélenchon défend publiquement Adrien Quatennens. L'espace d'un tweet virulent envers les médias et la justice, accusés à leur tour de procéder à une forme "d'acharnement" à l'encontre de la personnalité politique progressiste. La publication suscite une lourde polémique.
Tant et si bien que trois ans plus tard, on en parle encore. Mais tout n'a pas été dit. C'est pour cela que Complément d'enquête a décidé de donner la parole aux exs soutiens du leader insoumis. Ceux-ci relatent les coulisses de "l'affaire Quatennens" et de son traitement hyper controversé en interne...
"En un tweet sur son chouchou, le boss de LFI jette un froid au sein de sa famille politique. A-t-il clairement dérapé ?"

C'est non sans causticité que l'émission de France 2 ravive ce contexte.
Et donne la parole à des personnalités politico-médiatiques bien connues. Comme Alexis Corbière, et Raquel Garrido, deux anciens partisans de Jean-Luc Mélenchon.
Témoignant ainsi : "Tout le monde avait honte... Tout le monde voyait bien que c’était contraire à nos principes...Il y a un gros malaise"

Selon Raquel Garrido, suite à ces accusations de violences conjugales visant Adrien Quatennens, une forte sollicitation au "silence" est exigée au sein du parti, à travers les conversations privées des partisans. S'ensuivra donc le fameux tweet de Jean-Luc Mélenchon, qui fera grand débat en interne. Et clivera.
"Un soutien sans faille à Adrien Quatennens ? Sans même une évocation de Cécile Quatennens ? On était hyper en colère. Jean-Luc Mélenchon n'a rien compris à #MeToo et au féminisme", peut-on entendre dans l'enquête de l'émission de France 2.

Raquel Garrido à l'unisson fustige : "C'est une forme de protection patriarcale ce tweet ! Là c'est clairement le chef du syndicat du patriarcat qui défend son gars".
Euphémisation des violences dénoncées à l'époque par la présidente de la Fondation des Femmes Anne-Cécile Mailfert et la députée écologiste Sandrine Rousseau, déplorant en 2022 : "Il y a les violences physiques et celles qui consistent à prendre le téléphone portable de l'autre. Les violences faites aux femmes prennent de nombreux visages. Aucun n'est acceptable"
Certaines personnalités à l'inverse défendront le "cas Quatennens".

Comme Caroline Fourest. La militante féministe expliquera sur le plateau de C à Vous, deux ans plus tard : “Adrien Quatennens a reconnu son geste brutal. Il a été condamné. Il a droit à une seconde chance. Si on sanctionne socialement des gens qui admettent, quelle différence fait-on avec ceux qui mentent ?”.
Pour l'éditorialiste, "l'affaire Quatennens" ne doit pas embrasser la "cancel culture".
"Dans une société, on a le droit à une seconde chance quand on a reconnu ses torts et réagi pour qu’une situation ne dérape pas. Le féminisme doit être un contre-pouvoir, pas un abus de pouvoir"