La parole se libère. Tout commence le week-end du 6 septembre lorsque Romy, une jeune femme ayant fréquenté Moha La Squale, raconte sur Instagram la façon dont le rappeur de 25 ans, de son vrai nom Mohamed Bellahmed, l'aurait traitée. Elle publie d'abord une story qu'elle légende : "Vos rappeurs violeurs, qui font des sons de love, et qui séquestrent des meufs, qui frappent leur go (petite-amie, ndlr), on adore que ce genre de pourriture soit streamée (écoutée sur les plateformes de musique, ndlr) à fond".
Elle parle à visage découvert, le qualifiant de "grand malade", précisant qu'elle n'a "rien subi de grave, mais ça aurait pu". Et détaille : "Il était ultra-irrespectueux (...) Vu qu'il a de l'argent il a confiance (...) On voit bien que quand quelqu'un a de l'argent dans cette société, tout lui appartient." Rapidement, plusieurs victimes supposées témoignent auprès de la jeune femme, qui relaie leurs récits bouleversants, et tragiquement similaires, sur ses réseaux.
"Il m'a séquestrée, menacée, laisse tomber, je suis partie en courant quand j'ai pu, et je suis rentrée à Marseille", confie l'une d'elles. "Je sortais avec Moha. Il m'a séquestrée y'a genre un mois. Il a essayé de me tuer", écrit une autre. "Ma pote a été 3 ans avec lui et elle a failli mourir", lance une troisième.
"J'ai vécu : des étranglements, des étouffements avec des oreillers, des tirages de cheveux au sol sur plusieurs mètres, des baffes à en avoir des acouphènes, des crachats dans la gueule", énumère encore une jeune femme. "J'ai même été menacée au couteau".
Romy publie ensuite un message qu'elle aurait reçu de l'ex-compagne de Moha La Squale, pour qui il a écrit la chanson Luna, aujourd'hui disque d'or. Ses mots sont glaçants. "J'ai passé deux ans avec Moha. Deux ans d'enfer, de violences physiques, psychologiques, de menaces, de cris, de larmes, d'interdictions en tout genre, bref, je pourrais dérouler longtemps, la liste est longue".
Elle revient sur le titre qu'il lui a dédié : "Il m'a écrit Luna alors qu'il passait son temps à me hurler dessus, à me reprocher tout et n'importe quoi, à être super violent avec moi, humiliant..." Elle évoque le passage "Pour moi t'en as chié", expliquant qu'il est "clairement explicite, j'en chiais chaque jour parce qu'il me frappait".
Au moment de porter plainte au commissariat, on lui demande de patienter dans un couloir. Au bout de 45 minutes d'attente, elle raconte avoir fait demi-tour : "J'étais seule, il était très soutenu, très suivi, je savais ce qu'on allait dire : que j'étais une menteuse, que je voulais de l'argent, ou pire, que je l'avais mérité". Alors, comme beaucoup de celles qui finissent par s'exprimer aujourd'hui, elle se tait par crainte des représailles.
Sur Instagram et Twitter, les appels au boycott et les partages se multiplient. Le hashtag est même l'un des plus tweetés en France ce mardi 8 septembre. Parmi les utilisateur·ice·s qui apportent leur soutien à celles qui sortent du silence, la mannequin engagée Lena Simonne, dont le compte est suivi par plus de 328 000 abonné·e·s. La jeune femme est proche du monde du rap, notamment par le biais de son compagnon, le rappeur belge Roméo Elvis. Le youtubeur Ramous vient également de poster une vidéo qui évoque les supposées preuves rassemblées contre Moha La Squale.
Romy l'affirme, elle ne compte pas se satisfaire des réseaux sociaux, mais intenter une action en justice : "Les preuves seront là. Tout sera là. On n'a pas peur. On va se battre".
De son côté, l'accusé, déjà incarcéré l'année de ses 18 ans à la maison d'arrêt Fleury-Mérogis, n'a pas encore réagi. Son avocate, contactée par les journalistes du Point, non plus. L'ancien du cours Florent s'est contenté de faire la promo de son nouvel album à paraître prochainement.
En juin dernier, il était interpellé par la police pour "rodéo motorisé" dans le 18e arrondissement, puis pour "refus d'obtempérer aggravé", "outrage sur personne dépositaire de l'autorité publique" et "rébellion", selon une source interrogée par l'AFP. Il a ensuite été remis en liberté sous contrôle judiciaire. En septembre 2019, il était convoqué au tribunal correctionnel pour menaces de mort sur un couple avec un couteau, en mars de la même année, à la Réunion.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.