Ils et elles étaient 29, ce mercredi 24 novembre, à monter à bord d'un canot pneumatique sur les plages du Nord de la France. Une embarcation de fortune qui devait les conduire en Angleterre, en passant par les eaux glacées et tortueuses de la Manche, faute de prise en charge légale française ou britannique pour permettre un trajet sécurisé.
A mi-parcours, l'eau a commencé à infiltré le bateau. Seuls deux passagers en ressortiront vivants. 17 hommes, 6 femmes, une femme enceinte et 3 enfants décéderont. Et si c'est ce nombre terrible, 27, qui fait les gros titres depuis quelques jours de part et d'autre de l'Europe, c'est le nom et l'histoire des individu·e·s qui ont péri, qu'il est essentiel de mettre en avant.
Parmi elles et eux, Maryam Nouri Mohammad Amin, la première à avoir été identifiée. Âgée de 24 ans, elle partait rejoindre son fiancé accompagnée d'une proche. Ses démarches de visa britannique étant restées vaines, elle s'est retrouvée forcée de passer par les voies clandestines, comme tant d'autres réfugié·e·s et exilé·e·s qui espèrent une vie meilleure que celle qu'iels ont quittée.
Pendant toute la traversée, l'étudiante kurde irakienne originaire du nord du pays est restée en contact avec son compagnon, partageant sa position via l'application Snapchat pour qu'il sache où elle se trouvait à chaque instant, rapporte la BBC.
Le couple a échangé des messages alors que le bateau prenait l'eau, elle a expliqué que d'autres passager·e·s essayaient de le maintenir à flot, puis l'a rassuré, affirmant que tout le monde allait être secouru, que les autorités étaient en route. Le signal GPS a cessé d'émettre peu après.
"Le monde entier parle de l'Europe comme d'un endroit calme, agréable. C'est ça, le calme ? Une trentaine de personnes qui meurent au milieu de la mer ?", a lâché son père, Nouri Hamadamin, au média britannique. "C'est un péché de faire subir ça aux gens."
Sa meilleure amie, Imman Hassan, se souvient d'une jeune femme "très humble" avec "un très grand coeur". "Quand elle a quitté le Kurdistan, elle était très heureuse, elle n'arrivait pas à croire qu'elle allait retrouver son mari", a-t-elle confié à la BBC. "Lors de sa fête de fiançailles, elle me disait : 'Je vais acheter une maison et vivre près de chez toi... nous allons vivre ensemble.'"
Aujourd'hui, la jeune femme veut envoyer un message au monde, celui "que personne ne mérite de mourir comme ça". Et de constater, dévastée : "Elle a essayé de vivre une vie meilleure, elle a choisi le Royaume-Uni, mais elle est morte".