"Si ces images d'enfants syriens morts échoués sur une plage ne conduisent pas l'Europe à changer d'attitude à l'égard des migrants qu'est-ce-qui le fera ?" Cette question figure en une du journal britannique The Independent jeudi 3 septembre, associée à la photo désormais tristement célèbre d'un petit garçon mort noyé et échoué sur une plage turque à Bodrum.
The Independent explique avoir choisi de montrer cette photo insoutenable "pour que la réalité de la situation désespérée que vivent les migrants ne soit pas éclipsée par les discours sur la crise des migrants".
Originaire de Kobane, la famille de ce petit garçon prénommé Aylan, a fui la guerre civile dans son pays, tentant de rejoindre la Grèce par la Turquie. Le corps de son frère aîné, Ghalib, 5 ans, ainsi que de sa mère auraient également été retrouvés sur le rivage. Au total, onze corps ont échoué sur cette plage de Bodrum mercredi 2 septembre.
Outre The Independent, de nombreux journaux européens ont choisi de montrer cette photo, devenue un symbole du drame des migrants en une. En France, aucun quotidien n'a publié cette image, une exception étonnante qui a eu pour effet de lancer de nombreux débats sur Twitter sur le traitement médiatique en France de la crise des migrants jeudi matin. Le Monde a annoncé dans la matinée de jeudi son intention de publier la photo d'Aylan en une de son édition datée du 4 septembre.
Le New York Times a également relayé cette image tout en évoquant les débats sur l'opportunité de diffuser cette photo choquante. Dans une tribune, Peter Bouckaert, directeur pour les situations d'urgence de Human Rights Watch, a ainsi réagi : "Certains disent que l'image est trop offensante pour être partagée en ligne ou imprimée dans nos journaux. Mais ce que je trouve offensant, c'est que des corps d'enfants noyés viennent s'échouer sur nos rivages, alors que l'on aurait pu en faire plus pour leur sauver la vie". Il a pointé du doigt l'inaction de l'Union européenne qui doit se réunir pour aborder le sujet le 14 septembre.
Les femmes et des enfants représentent une proportion croissante des migrants qui arrivent en Europe aujourd'hui après avoir fui leur pays, ce qui pose de manière aigüe la question de leur prise en charge et de leur protection.