Dans le numéro d'Envoyé Spécial diffusé le 25 novembre, cinq femmes accusent Nicolas Hulot d'agressions sexuelles. Le fruit d'une enquête de quatre ans pour l'équipe de l'émission. "Nicolas Hulot a clairement un dysfonctionnement dans son rapport aux femmes, tout le monde est au courant de ça", a témoigné la militante écologiste Claire Nouvian.
Dans ce reportage, on entend la voix de Sylvia, qui était mineure au moment des faits : seize ans. C'est dans le cadre d'un concours organisé par l'émission Antipodes, le magazine de l'impossible, présentée par Nicolas Hulot, qu'elle aurait rencontré le présentateur-star de l'émission Ushuaïa. Après un passage aux studios, celui-ci lui propose un déjeuner, puis la raccompagne en voiture. C'est dans un parking qu'après l'avoir embrassé, il aurait baissé son pantalon et sorti son sexe, avant de lui forcer à faire une fellation.
"Pour que ça s'arrête, je lui ai embrassé le bas du ventre [...] J'ai gardé le silence 22 ans car personne ne m'aurait crue. Je ne m'attaque pas à n'importe qui", témoigne encore Sylvia.
Envoyé Spécial met également en lumière le témoignage de Cécile, relatant des faits datant de 1998, alors que la principale concernée avait 23 ans et travaillait à l'ambassade de France de Moscou. Après avoir contribué au bon déroulé de l'émission Ushuaïa (dont l'équipe était bloquée à l'aéroport), Nicolas Hulot l'aurait invité à dîner en compagnie de son équipe, puis dans une boîte de nuit. C'est dans le taxi du retour que le présentateur aurait posé une main sur la cuisse de la jeune femme avant de se jeter sur elle. "Il a essayé de m'embrasser, m'a touché les seins, l'entrejambe. Je l'ai repoussé, frappé au visage, le non était très clair", témoigne Cécile.
La militante écologiste Claire Nouvian narre quant à elle des faits qui se seraient déroulés durant un déjeuner professionnel. Nicolas Hulot aurait tenté de l'embrasser avant qu'elle ne le repousse. Elle aurait par la suite reçu un message de ce dernier : "Je n'appelle pas pour m'excuser, mais pour regretter de ne pas en avoir eu plus".
Par ailleurs, la petite-fille de François Mitterrand, Pascale Mitterrand, première femme à avoir porté plainte contre Nicolas Hulot en 2008 pour un viol qui remonterait à 1997 alors qu'elle avait 19 ans, n'a pas pris la parole durant l'émission. Mais elle a accepté que des photos personnelles soient diffusées.
Une autre femme interrogée (qui a souhaité restée anonyme) explique avoir travaillé avec Nicolas Hulot en 2001. Celui-ci l'aurait embrassée "à pleine bouche" et "par surprise" à la fin d'une réunion de travail.
Parmi les voix qui se sont ajoutées aux témoignages filmés de l'émission, celle de l'ex animatrice belge Maureen Dor, qui avait 18 ans lorsque Nicolas Hulot l'aurait suivi dans sa chambre d'hôtel et tenté de l'embrasser. Elle a ainsi délivré une lettre dans laquelle elle décrit son agression.
"Le voilà qui me saute dessus. Je le repousse, étonnée et effrayée, en lui faisant cette remarque si naïve : 'Mais vous avez une femme !' et lui de me répondre que cela n'a rien à voir et que je serai une 'parenthèse' [...] Je n'ai pas été "abîmée" par ma rencontre avec monsieur Hulot. Et j'ai sincèrement peur de l'être beaucoup plus par les réactions que ce genre de dénonciations engendre sur les réseaux sociaux. De plus, je pense que l'on peut changer. On peut être un sale bonhomme à une époque et se rendre compte de sa connerie en vieillissant ou en ayant des enfants. J'ose espérer que la paternité a "appris" à monsieur Hulot qu'il fallait respecter les femmes", rapporte Maureen Dor.
Une ex-employée de TF1 s'est également s'exprimée dans un courrier transmis à l'émission. Nicolas Hulot l'aurait agressé dans une voiture en 1990. On la lit : "Nous sommes au début des années 90. J'ai 23 ans et m'épanouis dans mon premier emploi à TF1. Je rencontre Nicolas Hulot lors d'une réunion de travail. Nous y évoquons nos actions et projets. Plus tard dans la journée, je reçois un appel de Nicolas Hulot m'invitant à déjeuner pour continuer la conversation. Nous parlons d'"Ushuaïa". Le repas terminé, nous regagnons sa voiture. Une fois installés, il se tourne vers moi, me dit qu'il a passé un moment agréable et saisit ma main pour la plaquer sur son pantalon, au niveau de son sexe en début d'érection".
"S'en suit un retour interminable jusqu'à Boulogne (le siège de TF1), pendant lequel il ne me dit pas un mot. De retour au bureau, je vais voir mon patron. Je me sens assez en confiance pour lui raconter l'incident. Je ne me sens pas traumatisée, mais espère que cela ne compliquera pas trop mon travail sur le programme. Mon patron me rassure. Quelques jours plus tard, il me convoque dans son bureau et me montre un fax transmis par Patrick Le Lay [à l'époque PDG de TF1]. Ce n'est autre qu'une lettre de Nicolas Hulot dénigrant le travail que je fais sur son émission et demandant de prendre des mesures afin d'y remédier", poursuit l'ancienne employée.
Et cette dernière de conclure : "A ce moment-là, je suis choquée, je me sens ébranlée et pense que mon mince début de carrière est en péril. Mais dans mon désarroi, j'ai la chance d'avoir un patron qui décide de prendre ma défense. Il est outré, et me dit qu'il va gérer la situation. Je n'en ai pas parlé à l'époque. Je ne pensais pas cet épisode traumatisant et l'ai sorti de ma tête. Quand d'autres histoires ont commencé à faire surface, je me suis bizarrement sentie allégée de ne pas être la seule. Si j'écris, ce n'est pas par apaisement ou vengeance. Je souhaite apporter mon soutien aux femmes qui ont été peut-être plus atteintes que moi et qui ont, elles, le courage de témoigner ouvertement. Elles ont toute mon admiration".
Une émission nécessaire à rattraper ici.
Elise Lucet a laissé entendre que d'autres témoignages de femmes accusant Nicolas Hulot suivraient.