«Ca y est, Nathalie Kosciusko-Morizet a perdu », lâchait, mardi 17 décembre, un Charles Beigbeder « fou de rage ». Une assertion, lancée alors que l'homme d'affaires venait de se faire chiper la place de numéro deux sur la liste UMP dans le VIIIe arrondissement, qui en dit long sur l'état d'esprit qui règne à droite autour de la campagne de la députée de l'Essonne. L'ex- ministre de Nicolas Sarkozy est même donnée perdante dans le XIVe arrondissement où elle se présente, battue au second tour par la candidate socialiste, Carine Petit (57% contre 43%), selon un sondage Ifop-Fiducial pour le JDD, publié dimanche 15 décembre.
Au-delà des projections peu réjouissantes pour NKM, plusieurs griefs sont faits à la candidate de l'UMP. Accord (trop) généreux avec le MoDem et l'UDI, erreurs de communication, déchirements de la droite parisienne, retour sur ces trois choses qui pourraient faire perdre l'ex-édile de Longjumeau dans la capitale.
Un « vous me faites chier ! », lancé en direction de journalistes qui souhaitaient la suivre dans le métro, comme l'emblème d'une série d'erreurs de communication. Ce métro « lieu de charme à la fois anonyme et familier » où l'on peut vivre de véritables « moments de grâce » et faire « des rencontres incroyables », selon les dires, rapportés dans le magazine Elle, de celle qui fixait il y a peu le prix du ticket de métro (1,70 euro) à « quatre euros et quelques… ». Outre les déclarations, les photos qui les accompagnent en ont laissé plus d'un pantois.
Après les propos de NKM hier, affluence record dans le métro ce matin, des milliers de Parisiens curieux de vivre "un moment de grâce".
— Le Gorafi (@le_gorafi) 19 Novembre 2013
Dernier exemple, une série de photos pour l'AFP au bord du canal Saint-Martin, datées du 16 décembre. Une mise en scène largement détournée par les internautes.
Une candidate « un peu débordée » à qui les dissidents UMP prédisent « un bordel total »
Charles Beigbeder, grillé par Pierre Lellouche dans le VIIIe arrondissement a prévenu : « Je n'ai pas envie d'en rester là », et l'entrepreneur proche de Jean-François Copé d'évoquer sa volonté de « fédérer les listes indépendantes qui estiment être orphelines d'un représentant de droite », en clair rassembler les dissidents contre NKM. L'UMP en a exclu seize la semaine dernière. L'homme d'affaires promet « un bordel total ».
Rachida Dati a, dans des termes plus policés, évoqué le malaise qui règne au sein de la droite parisienne quant à la candidature de NKM à Paris, ce jeudi 19 décembre sur France Info. « En ce moment, elle est peut-être un peu débordée », a concédé la maire du VIIe arrondissement. « Il faut qu'elle voie beaucoup plus les élus et les militants (…) Je pense que Nathalie devrait plus (les) écouter », a-t-elle prévenu.
En l'état, l'accord conclu dès le premier tour entre NKM le MoDem et l'UDI est, aux dires de certains, on ne peut plus généreux avec les centristes et passe mal au sein de la droite parisienne. La candidate a beau vanter un « accord inédit » censé « dépasser les frontières » des partis, les caciques de l'UMP ont eux sorti leur calculette. Et c'est là que le bât blesse. L'accord concède 8 sièges de conseillers de Paris au MoDem qui n'en n'avait qu'un et 12 à l'UDI au lieu de 11.
L'ombre des Tibéri n'en finit plus de planer sur la campagne de NKM. Si la députée a voulu « le renouvellement » dans le Ve arrondissement pour tourner la page d'une droite dont l'image a été ternie par le procès des faux électeurs. Problème, quand ce n'est pas Jean ou Xavière, il y a Dominique Tibéri pour lui mettre des bâtons dans les roues. Aujourd'hui persona non grata, la famille Tibéri n'entend pas lâcher le Ve arrondissement. Ainsi, Dominique brigue la succession de son père, Jean, le maire sortant dans l'arrondissement, au grand dam de l'Essonienne qui a voulu investir Florence Berthout.
Et comme si cela ne suffisait pas, Bernadette Chirac n'a pas manqué de remuer le couteau dans la plaie, mardi 17 décembre. Venue apporter son soutien à NKM, l'épouse de l'ex-président de la République en a profité pour faire le panégyrique de Xavière Tibéri. « Xavière était une militante de campagne électorale tout à fait exceptionnelle. Tout ce que j'ai appris de la politique de terrain (…), c'est Xavière qui me l'a appris », a lâché l'octogénaire. Et de vanter les mérites de celle qui a « une mémoire colossale des familles, l'appendicite de l'un, le diplôme de l'autre. C'est ça la méthode », a-t-elle asséné.
Groggy, NKM a simplement lancé au journaliste : « N'essayez pas de piéger Mme Chirac ». Décidément, quand ça ne veut pas…