Pourquoi a-t-on tendance à devenir plus de droite avec l'âge ? D'après une enquête réalisée par des scientifiques de l'Université de Pennsylvanie, les enfants n'y seraient pas pour rien, au contraire. "Il y a cette idée qu'en vieillissant, on devient plus conservateur par expérience et parce qu'on est mordu par le monde réel", déclare le Dr Nick Kerry, coauteur de la recherche. "Mais cela ne semble pas être le cas. Si vous regardez les personnes qui ne sont pas des parents, vous ne voyez tout simplement pas de différence d'âge."
Pour déterminer ce potentiel lien de corrélation, le Dr Kerry et ses collègues ont interrogé presque 3 000 personnes de 11 pays différents, et comparé leur comportement avec les enfants (s'ils aiment s'en occuper ou pas, en veulent ou pas, en gros) avec leurs idées sur le plan social. Résultat : les participant·e·s les plus motivé·e·s pour s'occuper des petit·e·s avaient tendance à être plus conservateur·rices, et les parents étaient plus conservateurs que ceux qui n'avaient pas d'enfants.
Des conclusions par ailleurs confirmées par une analyse des données de la World Values Survey, recueillies sur une période de 40 ans et impliquant 426 444 participants dans 88 pays (significatif, donc), qui a également suggéré que plus les parents avaient d'enfants, plus ils avaient tendance à être socialement conservateurs.
La question se pose donc : faut-il donc être childfree pour espérer ne pas devenir réac ?
L'équipe de chercheur·es estime qu'avec le "déclin" de la natalité "dans la majeure partie du monde – mais est en augmentation considérable dans certaines régions – les résultats trouvés pourraient avoir de profondes implications pour le paysage politique du futur."
Et d'ajouter : "Spécifiquement, nos résultats suggéreraient que l'augmentation du fait de ne pas avoir d'enfant pourrait potentiellement contribuer à un processus de libéralisation des questions sociales. En conséquence, intégrer ces découvertes à des modèles existants de comportements politiques pourrait contribuer à des modèles plus précis d'évolution de l'idéologie au niveau de la population."
Pour le professeur Paul Higgs de l'University College London en revanche, il est important de prendre ces résultats avec des pincettes. Il note d'abord auprès du Guardian que l'étude réduit l'orientation politique à un ensemble spécifique d'expériences personnelles, tout comme le trope de l'âge avancé qui conduit à des valeurs de plus en plus conservatrices. Et puis, l'expert souligne que l'étude ne tient pas compte non plus de la nature changeante de la vie tardive ou de la façon dont le conservatisme social peut être affecté par les changements dans la société ou dans les rôles sociaux.
Mais tout de même, c'est à méditer.