Benjamin List et David MacMillan couronnés prix Nobel de chimie, Syukuro Manabe, Klaus Hasselmann et Giorgio Parisi prix Nobel de physique... Force est de constater que pour son édition 2021, le Nobel des sciences ne s'est pas vraiment démarqué par sa valorisation des talents féminins. Sur huit lauréats, aucune femme ne s'est vue décernée un Prix Nobel dans les catégories médecine, physique et chimie.
Si l'édition 2020 avait (enfin) récompensé des femmes scientifiques (Prix Nobel de chimie pour la Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna, Prix Nobel de physique décerné à l'astronome américaine Andrea M. Ghez), ce cru aura marqué un sacré retour en arrière. Ou une forme de continuité.
Car comme l'énonce Numerama, les femmes scientifiques sont quasi inexistantes au sein de ce palmarès depuis la création du Prix Nobel en 1901. Après plus d'un siècle d'existence, où sont les femmes ? On cherche. Il y a trois ans de cela, Donna Theo Strickland, pionnière dans le domaine des lasers, devenait la première femme Prix Nobel de physique depuis 55 ans, et la troisième seulement depuis 1901. C'est dire si le chemin est encore long.
Depuis la première cérémonie des Nobel en 1901, 876 prix ont été remis à des hommes et 58 seulement à des femmes. Et comme le note Numérama, dans les trois domaines scientifiques médecine, physique et chimie, "on compte donc 609 hommes récompensés contre 23 femmes depuis 1901". Des chiffres accablants.
"Les femmes sont fortement sous-représentées parmi les lauréats du prix Nobel dans toutes les disciplines scientifiques. Malgré le fait que la proportion de femmes dans ces professions a augmenté dans tous les domaines au cours des dernières décennies, le ratio de femmes lauréates du prix Nobel reste faible et donne l'impression d'un écart croissant entre les sexes", constate encore une étude statistique parue en 2019.
Un discours qui rappelle l'effet Matilda : ce phénomène désignant l'invisibilisation ou la minimisation systématique de l'apport des femmes scientifiques à la recherche globale. Il semblerait que cet effet théorisé par l'historienne des sciences Margaret W. Rossiter en 1993 ait encore une longue vie devant lui. Académies, comités (majoritairement masculins, rappelle TV5 Monde), mais aussi universités témoignent de ces inégalités.
Et ce après plus d'un an de pandémie, contexte historique durant lequel cette disparité fut volontiers rappelée - les inégalités professionnelles au sein des postes médicaux à haute responsabilité notamment. Rappelons au passage que c'est une femme scientifique, l'Ecossaise June Almeida, qui a découvert le premier coronavirus en 1964. Hélas, loin du monde d'après, c'est davantage un parfum de vieux monde qui se dégage du Nobel.