"Malheureusement, nous avons pris l'océan pour acquis. Nous sommes actuellement confrontés à ce que j'appellerais un état d'urgence des océans". Lundi 27 juin, lors d'un rassemblement autour de milliers de responsables politiques, d'expert·es et de défenseur·euses de l'environnement à Lisbonne, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a mis des mots sur une crise incontournable, aux conséquences forcément dramatiques pour la planète et celleux qui la peuplent.
"Les mers, qui recouvrent plus des deux tiers de la surface de la planète, génèrent la moitié de l'oxygène que nous respirons et représentent une source vitale de protéines pour le quotidien de milliards de personnes", rappelle France 24. L'heure est grave, et les scientifiques tirent l'alarme depuis bien trop longtemps.
"Nous n'avons encore qu'une petite idée de l'ampleur de la dévastation provoquée par le changement climatique sur la santé des océans", a de son côté affirmé Charlotte de Fontaubert, experte de l'économie bleue à la Banque mondiale, auprès de l'AFP.
Au cours des 60 dernières années, les émissions de CO2 ont augmenté de 50 %. La mer, qui en absorbe environ un quart, est donc devenue plus acide, "déstabilisant les chaînes alimentaires aquatiques et réduisant sa capacité à capter toujours plus de gaz carbonique", détaille encore le média francophone. Par ailleurs, les eaux terrestres subissent également de puissantes vagues de chaleur marine, cause de la destruction de précieux récifs coralliens et de la croissance de zones mortes privées d'oxygène, et directement provoquées par l'activité humaine.
Ajouter à cela la surpêche, que Kathryn Mathews, directrice scientifique de l'ONG Oceana, dénonce à son tour à l'agence de presse : "au moins un tiers des stocks de poissons sauvages sont trop pêchés et moins de 10 % de l'océan est protégé. Des navires de pêche illégaux font des ravages en toute impunité, en eaux côtières comme en haute mer", souligne-t-elle.
"Notre échec à préserver l'océan aura des effets en cascade", a martelé Antonio Guterres dans son discours d'ouverture de cette conférence organisée conjointement par le Portugal et le Kenya, et à l'origine prévue en avril 2020. Espérons que ses interlocuteur·ices, dont la présidence française, l'entendent enfin.