"Je viens de recevoir la présentation du pitch d'une 'start-up de bien-être sexuel féminin' (créée par cinq mecs) qui prétend pouvoir 'authentifier' les orgasmes féminins. Voici quelques diapositives, pour votre amusement, et votre colère". On a déjà connu teasing moins distrayant que ce tweet de l'entrepreneur tech Stu Nugent. L'un des patrons de Lelo (marque de sextoys) a partagé à sa large audience la publicité plutôt atypique de l'entreprise Relida Limited.
Basée à Chypre, Relida Limited assure donc à ses futurs utilisatrices et utilisateurs être en mesure de pouvoir "valider" l'authenticité des orgasmes de la gent féminine, avec un taux de fiabilité de 86 %, excusez du peu. Ce qui pourrait - entre autres - aider les créateurs de jouets pour adultes dans leurs recherches et leur quête de qualité. Et surtout, dissocier le faux du vrai face à ce "twist ending" fou qui fit tant bondir l'audience de Quand Harry Rencontre Sally il y a déjà trente ans de cela : et oui, les femmes simulent, parfois.
Au gré des diapos très instructives partagées par Stu Nugent, on peut d'ailleurs lire qu'il n'y a "aucun moyen fiable de s'assurer qu'une femme a un orgasme", chiffres (non sourcés) à l'appui. Mais aussi que 26 % des femmes (d'où ? on l'ignore) simuleraient à chaque fois. Ce qui ferait évidemment de l'outil de la firme un "algorithme unique au monde". Rien que cela, oui.
On s'en doute, les assertions de Relida Limited ont laissé circonspectes bien des voix anonymes. Quoi de plus normal, quand un autre panneau vous affirme "qu'entre 25 et 74 %" des femmes (c'est large) auraient déjà avoué avoir simulé au moins une fois dans leur vie ? En réaction à la publication de Stu Nugent (partagée et likée des milliers de fois), les sarcasmes pleuvent. Florilège.
"C'est bizarre, je n'ai jamais eu à simuler un orgasme avec un vibromasseur !", ironise une voix féminine. "[Ils écrivent] qu'il n'y a aucune preuve [que les femmes jouissent vraiment] et pourtant ils ont toute une application sur mesure pour nous valider ?", poursuit une internaute. Et une autre de poser la grande question : "Qu'est-ce que c'est ce bordel ? Pourquoi serait-il même nécessaire de "valider" l'orgasme d'une femme ?".
On se le demande, effectivement. Comme l'indique la BBC, le fameux algorithme serait basé sur des recherches antérieures consacrées aux changements de fréquence cardiaque - une graduation spécifique qui permettrait de reconnaître un vrai orgasme de par son "point culminant". Selon l'un des instigateurs de l'application, contacté par le média britannique, le produit serait directement né de l'initiative "d'une femme, et pour les femmes". Et ne serait pas encore terminé, ni susceptible d'être mis en vente. C'est trop dommage.
Comme l'énonce encore Stu Nugent au fil de ses tweets, dans quelle mesure un algorithme serait-il plus à même de détecter un orgasme féminin... qu'une utilisatrice qui a un orgasme ? Surtout quand l'on sait que le "détecteur" high tech a été créé par des hommes. Face à ce concept incongru, le Huffington Post abonde : "Si une femme vous dit qu'elle a eu un orgasme, ne lui faites pas confiance. Au lieu de ça, vous devriez la brancher à un algorithme pour voir si elle ment !". Mieux vaut en rire.
Ce qui n'empêche pas de fustiger le sexisme sous-jacent de l'entreprise. "Un défaut courant de nombreuses startups est de créer des solutions aux problèmes qui n'existent pas. Or l'idée de Relida Limited est de déterminer si une femme a réellement eu un orgasme, tout simplement car ils ne croient pas que les femmes connaissent suffisamment leur propre corps pour déterminer si elles ont joui ou non. Mais en fait, nos orgasmes sont très bien sans vous ! Seuls les mecs mettent en péril le plaisir des femmes", tacle l'entrepreneuse Ti Chang (patronne de l'entreprise de sex toys Crave) dans les pages du Huff Post.
Pas besoin d'un algorithme pour valider cette répartie.