Révélation du film Les amandiers, l'acteur Sofiane Bennacer a été mis en examen pour viols et violences sur plusieurs ex-compagnes par une juge d'instruction de Mulhouse en octobre dernier. Il a été placé sous contrôle judiciaire, après que le parquet ait initialement requis son placement en détention provisoire, pour des faits qui se seraient produits entre 2018 et 2019 à Mulhouse, Strasbourg et Paris.
Cette affaire a donné lieu à plusieurs enquêtes de Libération, qui a recueilli le témoignage de plusieurs femmes qui accusent le jeune homme de violences sexuelles et physiques, mais également la gestion houleuse du tournage du film par la production et sa réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi, et ce alors que la cinéaste aurait été au courant de ces accusations.
Egalement compagne de Sofiane Bennacer et entendue comme témoin dans l'enquête, Valeria Bruni-Tedeschi a réagi non sans virulence à cette médiatisation ce 25 novembre. Pour l'actrice et réalisatrice, il s'agit là d'un véritable "lynchage médiatique" qui vient "piétiner la présomption d'innocence".
"À ce jour tout le monde sait qu'il n'a pas été jugé, et un tel procédé relève, selon moi, d'un pur lynchage médiatique, procédé très éloigné d'une volonté d'informer de façon objective et impartiale", dénonce-t-elle, en cette Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
"Stupéfaite" par les enquêtes de Libération au sujet de ces violences présumées, Valeria Bruni-Tedeschi explique son choix : "J'ai voulu qu'il soit l'acteur principal malgré les rumeurs dont j'avais connaissance. Mes producteurs ont exprimé des craintes et des réticences, mais je leur ai indiqué que ces rumeurs ne m'arrêtaient pas et que je ne pouvais pas envisager de faire le film sans lui. Plus tard, nous avons eu connaissance du fait qu'une plainte avait été déposée. Le tournage ayant commencé, il était juridiquement inenvisageable pour eux de changer d'acteur".
Tout en affirmant son "immense respect pour la libération de la parole des femmes" et son "attachement très profond au fait qu'elles puissent être entendues", la cinéaste a tenu à appuyer sa "confiance" envers le jeune homme : "Lorsque l'on filme quelqu'un, on voit qui on a en face de soi", a-t-elle encore écrit.
Une médiatisation qui a également fait réagir sa soeur, Carla Bruni. Non sans virulence là encore : "Honte à toi 'Libération'. L'un des fondements de notre démocratie est la présomption d'innocence. Sans la présomption d'innocence toute justice est aléatoire, discutable, possiblement corrompue. Lorsque l'on crucifie quelqu'un sur sa Une sans savoir s'il est vraiment coupable, on bafoue la démocratie. On ne soulage pas la douleur des victimes en créant des nouvelles victimes de manière sauvage et aléatoire et tout aussi injustement".
"Je suis solidaire de toutes les femmes par principe, solidaire engagée et acharnée pour défendre toute victime et son combat, il y a eu tant d'abus, il y a tant eu tant d'impunité [...] Mais la féministe que je suis depuis toujours veut dire aujourd'hui que l'on ne soulage pas la douleur des victimes en créant des nouvelles victimes de manière sauvage et aléatoire et tout aussi injustement", a fustigé encore la chanteuse sur son compte Instagram.
Sofiane Bennacer a interdiction de rencontrer l'ensemble des plaignantes et des témoins du dossier (dont Valeria Bruni-Tedeschi), mais également de se rendre à Strasbourg, à Mulhouse, à Paris et dans la région parisienne. Le jeune acteur, qui "conteste tout", avait porté plainte en octobre dernier pour diffamation contre ses accusatrices. Il a été retiré de la liste des pré-nommés au César de la Révélation masculine de l'année ce 23 novembre.