Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué une « amnistie générale pour les crimes commis pendant les événements, entre le 15 mars 2011 et le 15 janvier 2012 », selon une annonce de l’agence officielle Sana, survenue dimanche. L’amnistie s’applique essentiellement à des infractions perpétrées dans le cadre de manifestations pacifiques, de ports d’arme et de désertions de l’armée. Depuis la mi-mars, la Syrie est secouée par une révolte populaire sans précédent contre le régime du président Assad, dont la répression a fait plus de 5.000 morts selon une estimation de l’ONU début décembre. Les autorités accusent des « gangs armés » de semer le chaos et dénoncent un « complot » des pays occidentaux.
Dans un communiqué, les Frères musulmans syriens ont jugé avec incrédulité l’annonce de l’amnistie : « le régime tente de rendre crédible son projet illusoire de réconciliation et de dialogue national et c'est dans ce contexte qu'il fait des annonces à des fins propagandistes. Cette dernière annonce, la troisième depuis dix mois, n'est ni sérieuse ni crédible ». Ils chiffrent à 60.000 le nombre de personnes détenues depuis le début de la contestation. Ce n’est pas la première fois, en effet, que le chef de l’État effectue ce geste d’ouverture qui reste sans effet. Une amnistie générale avait été décrétée le 31 mai, une autre le 21 juin. Les autorités syriennes ont annoncé ces dernières semaines la libération de milliers de personnes « impliquées dans les événements » mais n'ayant « pas de sang sur les mains ».
Rami Abdel Rahmane, le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), a déclaré à l’AFP que « les lois sont décrétées mais ne sont pas appliquées ». Au-delà du scepticisme sur ces effets d’annonce, c’est l’inquiétude profonde qui gagne l’opinion internationale. Lors d’une conférence, dimanche, à Beyrouth sur la transition démocratique dans le monde arabe, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a demandé au président syrien « d’arrêter de tuer » en Syrie. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a pour sa part dénoncé dimanche le « silence » du conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, estimant que la situation devenait « intolérable », en marge d’une conférence de presse en Birmanie.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : AFP
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