Toutes les prévisions le donnent gagnant. L'actuel président syrienBachar Al-Assad, au pouvoir depuis 2000 - il a pris les commandes du pays après la mort de son père, qui a gouverné pendant 30 ans - rempilerait pour un quatrième mandat de sept ans, lors des élections présidentielles du 26 mai prochain.
Par ailleurs, c'est la deuxième fois en Syrie que le vote multi-candidats est autorisé. En 2014, la compétition avec le chef d'Etat était "symbolique" et "considérée par l'opposition et les pays occidentaux comme un simulacre visant à donner au président sortant un vernis de légitimité", précise l'agence de presse américaine Associated Press. Les résultats étaient alors sans appel : 90 % des voix pour Bachar Al-Assad. Mais qu'en sera-t-il cette année ?
A quelques semaines du nouveau scrutin, le président sortant vient d'annoncer, sans surprise, sa candidature. En face de lui, on retrouvera Mohammad Rajjouh, un homme d'affaires qui s'était déjà présenté en 2014, et depuis mercredi 20 avril, Faten Ali Nahar, une avocate de Damas, la capitale, affiliée au barreau du régime. Si son entrée dans la course au pouvoir est validée, ce sera la première fois qu'une femme concourt à la plus haute fonction de l'Etat.
Seulement, à en croire les commentaires de l'opposition, cette avancée ne serait porteuse d'aucun réel message d'espoir.
Que sait-on des motivations de Faten Ali Nahar jusque-là ? Pas grand-chose, à en croire les médias qui ont couvert l'information. Et pour cause, selon Courrier International, l'avocate de 50 ans et fille d'un officier "bien connu du régime syrien", comme la décrit le site britannique Al Araby, n'a donné qu'une seule interview : à la version arabe de Russia Today.
Elle y assure notamment : "Ma candidature montre au monde que la Syrie est un pays démocratique et qu'une femme peut se présenter." Pour pouvoir prétendre aux commandes de l'exécutif au même titre que ses homologues masculins, elle devra toutefois rassembler 35 signatures de députés du Parlement syrien, acquis au parti du président (Baas). Mais Faten Ali Nahar est confiante.
Si l'on aimerait y voir un message d'émancipation dans un pays meurtri par la guerre depuis le printemps arabe de 2011, et où le sort des femmes glace le sang, les anti-Bachar Al-Assad restent sceptiques quant à la présence de l'avocate sur la scène politique. "D'autres candidatures marginales sont attendues, comme ce qui s'était passé en 2014", explique notamment le site d'opposition Enab Baladi. Le média rappelle également qu'à l'époque, les deux candidats qui affrontaient le président faisaient office de faire-valoir et "avaient déclaré qu'ils n'étaient pas opposés" à Al-Assad. Le même dessein serait réservé à la candidate.
Al Araby précise également : "La candidature de Nahar a été accueillie avec moquerie sur les réseaux sociaux parmi les Syriens opposés au régime, car ils la voyaient comme faisant partie du jeu que le régime nomme élections".
Cet avis critique, l'ONU aussi le partage. A ce sujet, Associated Press estime qu'il est "peu probable que la communauté internationale reconnaisse la légitimité des élections à venir". Une nouvelle constitution est ainsi censée être rédigée et approuvée par un référendum public avant la tenue d'élections présidentielles supervisées par les Nations Unies. Mais, comme le précise l'agence de presse, "peu de progrès ont été réalisés au sein du comité de rédaction et Assad continue de bénéficier du soutien de la Russie et de l'Iran."
Le mois dernier, l'administration Biden a elle-même affirmé son intention de ne pas reconnaître le résultat de l'élection présidentielle syrienne si le scrutin n'était pas "libre, équitable, supervisé par les Nations unies et représentatif de l'ensemble de la société syrienne", précise AP. Quelle qu'en soit leur fiabilité, les urnes parleront le 26 mai.