"Ce soir, nous allons jouer l'hymne de la République d'Ukraine comme une prière, en guise de solidarité et de soutien à un peuple qui en ce moment même lutte, souffre et meurt", a annoncé la cheffe d'orchestre Ariane Matiakh. Elle a dirigé l'Orchestre philharmonique de Nice, le jaune et le bleu du drapeau projetés au-dessus de la scène. Dans le Grand Théâtre de Provence, à Aix-en-Provence, l'émotion a été palpable, rapporte Franceinfo .
La musicienne a ensuite tenu à rendre hommage à son grand-père ukrainien "qui a combattu pour la liberté dans son pays avant d'être accueilli très humainement comme réfugié en France", a-t-elle précisé, qualifiant la situation dans le pays de "déchirante" mais insistant sur son opposition au "rejet soudain et global des artistes russes". "Beaucoup ont pris courageusement position", a-t-elle martelé, ajoutant que "les artistes n'ont pas à payer le prix des dérives du gouvernement de la Russie".
Sur scène, comme l'année dernière, l'heure était à la célébration de la nouvelle génération. L'événement diffusé sur France 3 et France Musique a d'ailleurs débuté par une chorégraphie de Mehdi Kerchouche, rendu célèbre par ses vidéos pendant le confinement, avec comme interprètes Germain Louvet, danseur étoile de l'Opéra de Paris, Chloé Lopes Gomes, soliste au Ballet de l'Opéra National du Rhin, les élèves de l'Ecole de danse du Ballet de Marseille et des danseurs et danseuses d'EMKA, la compagnie du chorégraphe.
Pour incarner cette volonté de laisser une place de taille à la jeunesse et à ses inspirations, une nouvelle catégorie, celle de Révélation chef d'orchestre, a également été créée. Cette année, c'est Pierre Dumousseaud qui l'a gagnée, face à Chloé Dufresne et Stéphanie Childress. Les trois candidat·es ont dirigé l'orchestre philharmonique chacun·e leur tour.
La Révélation soliste instrumental est revenue à la violoniste Manon Galy, et la Victoire du compositeur (ou devrait-on dire ici, de la compositrice) à la Finnoise Kaija Saarjaho pour Innocence, un "thriller lyrique en plusieurs langues", décrit Franceinfo. Les violoncellistes Emmanuelle Bertrand et Sol Gabetta ont quant à elle remporté exaequo le prix de Soliste instrumental, et la mezzo-soprano Eugenie Joneau de Révélation artiste lyrique. Enfin, le baryton Ludovic Tézier a reçu la récompense d'Artiste lyrique, et Cris, de Thierry Escaich, a été sacré dans la catégorie Enregistrement.
Au total, 5 femmes et 3 hommes. Les Victoires de la musique classique seraient-elles devenues la cérémonie la plus paritaire du PAF ? En tout cas, on espère que le palmarès et ses catégories non-genrées en inspirent plus d'une.