Tout commence à Marseille, lorsqu'Émilie Espanet rencontre Yves Lenoir dans l'un des cours d'œnologie qu'elle donne en dehors de son travail. Tombée dans le vin dès l'enfance en bonne petite-fille de négociants bordelais, cette ex-consultante parisienne découvre avec quelques amis que des hectares entiers de vignes se retrouvent à l'abandon faute d'exploitants dans le Vaucluse. « C'est Yves Lenoir qui a eu l'idée de produire du vin entre copains. De mon côté, je connaissais le vin mais n'avais aucune idée de comment le fabriquer », se souvient Émilie. Une ébauche de business plan prend forme malgré tout sur un coin de table lors d'un déjeuner, et cinq associés se retrouvent embarqués dans le projet.
« Toute la difficulté résidait dans la recherche de main d'œuvre étant donné que nous avions tous nos métiers respectifs », explique Émilie. Finalement la solution est trouvée avec le statut de SCEA (société civile d'exploitation agricole), qui permet d'ouvrir la gestion du vignoble en proposant des parts aux volontaires qui se rémunèrent en bouteilles de vin. Après quelques déboires pour dénicher le bon domaine et obtenir l'accord des propriétaires pour exploiter la terre, les cinq copains recrutent un œnologue spécialiste du Bio, François Busi, qui met en place tous les processus de production d'un vin respectueux des sols et de l'environnement. En septembre 2012, l'équipe s'est déjà agrandie et une vingtaine d'amis assurent les vendanges. La première assemblée générale met tout le monde d'accord sur la ligne marketing à choisir : Copains, Plaisir et Bio sont les maîtres-mots de la marque qui s'appellera « Orgamic. »
Pour accueillir les bouteilles de la première cuvée baptisées « Préliminaires », « Ivre de toi » ou « Délits d'initiés », une ancienne fabrique d'amandes reprend bientôt des couleurs et devient un local commercial coquet, étape désormais incontournable pour les habitants et les touristes du village de Goult.
Avec leurs étiquettes décalées et colorées, esquisses branchées de l'illustratrice Angéline Mélin (My Little Marseille), les 15 000 bouteilles s'écoulent rapidement, si bien que les copains craignent de ne pas tenir jusqu'à la fin de l'été avec leur stock de rosé. En attendant les prochaines vendanges, les 58 vignerons du dimanche savourent leur succès autour d'une bonne bouteille de leur cru, et envisagent déjà les arômes de la cuvée 2014.
Persévérer malgré les retournements de situation
Être courageux face à l'adversité (et à la météo)
Être passionné bien sûr
25 janvier 1981 : Naissance d'Émilie Espanet à Marseille (13)
2004-2008 : Consultante chez Price Waterhouse Coopers, Paris
Depuis 2009 : responsable qualité et processus, groupe CMA-CGM, Marseille
Septembre 2012 : création de la SCEA Vins de copains
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