Les violences obstétricales - lors d'une consultation chez le gynécologue, pendant son suivi de grossesse ou son accouchement - sont un fléau mondial. Alors qu'en 2014, le hashtag #payetonutérus révélait l'ampleur du problème en France, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est penchée sur les violences pendant l'accouchement dans les pays en voie de développement.
Une vaste enquête opérée sur plus de 2000 femmes au Ghana, Guinée, Myanmar et Nigeria, dont les résultats font froid dans le dos.
Publiée le 8 octobre dernier dans la revue scientifique The Lancet, l'enquête montre que 42% des femmes ont été victimes de violences physiques ou verbales pendant leur accouchement. Claques, coups de poing et insultes font partie des abus rapportés, justifiés par le corps médical par un manque de "coopération" des femmes lors de l'accouchement : "Les sages-femmes et médecins décrivent les femmes comme peu 'coopératives' durant cette période et certains justifient la violences physique et verbale comme une 'punition'", dénonce l'enquête.
L'absence de consentement des futures mères fait également partie des violences rapportées : 13% des césariennes et 75% des épisiotomies sont ainsi pratiquées sans l'aval des principales concernées. Dans 59% des cas, les examens vaginaux sont eux aussi réalisés dans le consentement des femmes. Enfin, 57% des femmes interrogées révèlent n'avoir reçue aucune aide pour diminuer les douleurs de l'accouchement.
Selon l'enquête, les femmes les plus jeunes et les moins éduquées sont les premières victimes des violences pendant l'accouchement. "Des ressources suffisantes doivent être mises en place pour fournir des soins de santé maternelle de qualité et accessibles, ainsi que des politiques claires sur les droits des femmes", préconise dans un communiqué l'OMS, qui poursuit" Les prestataires de soins doivent également bénéficier d'un soutien et d'une formation, afin de veiller à ce que les femmes soient traitées avec compassion et dignité".
Si l'OMS s'intéresse dans cette enquête aux pays en voie de développement, l'organisation rappelle que les violences obstétricales concernent le monde entier. En France, lorsque le hashtag #payetonutérus émerge sur Twitter, plus de 7000 d'histoires sont partagées sur le réseau social en l'espace de 24h.
Des récits dénonçant des propos déplacés ou culpabilisants de la part de gynécologues, des examens vaginaux brutaux, voire des violences sexuelles dans les cas les plus graves. Un fléau contre lequel il est urgent d'agir en France comme ailleurs.