A Portland, dans l'Etat américain de l'Oregon, les manifestations en réponse à la mort de George Floyd, homme noir assassiné par un policier blanc, se poursuivent depuis deux mois. Une mobilisation antiraciste et anti-violences policières qui témoigne de la colère justifiée des habitant·e·s.
En retour, dans un effort (lamentable) de faire respecter "la loi et l'ordre", Donald Trump a décidé d'employer les grands moyens : envoyer les forces fédérales militarisées.
Une décision qui a participé à "gravement détériorer la situation", d'après Ted Wheeler, le maire démocrate de la ville du nord-ouest des Etats-Unis : "Leur présence cause plus de violences et plus de vandalisme, cela n'aide pas du tout. Ils ne sont pas les bienvenus et nous voulons qu'ils partent", lançait-il auprès de CNN.
Vendredi 17 juillet, alors que Portland s'apprêtait à vivre une nouvelle nuit de violences, une militante s'est avancée vers les autorités, uniquement vêtue d'un masque et d'un bonnet. Les témoins l'ont surnommée "l'Athéna nue", du nom de la déesse grecque de la sagesse, de la stratégie guerrière, de la justice et du combat.
Elle a marché vers les phares des voitures de police, et s'est arrêtée pour effectuer des postures de yoga - accentuant le caractère mystique de son intervention. Une façon de déstabiliser les forces en présence, mais surtout de prouver qu'elle n'avait pas peur de leurs représailles et qu'elle ne constituait pas une menace. En face, les autorités ont répliqué en tirant des bombes de poivre à ses pied, mais rien ne l'a arrêtée.
Selon certain·e·s internautes présent·e·s sur place, elle les aurait même fait battre en retraite, rapporte L'Express. "L'Athéna nue de Portland, Oregon, obligeant les flics à se reculer des manifestants en se déshabillant et en s'asseyant dans la rue pour leur montrer qu'elle n'est pas une menace pour eux, afin qu'ils ne puissent pas avancer sans raison", commente l'une d'eux sous des clichés de la scène. Un symbole est né.
Samedi 18 juillet, devant le palais de justice américain de Portland, plusieurs dizaines de femmes ont été vues en première ligne des manifestations, les bras liés, et scandant des phrases comme "Laissez nos enfants tranquilles !" et "Les fédéraux restent à l'écart, les mères sont là". Elles se font appeler "The Wall of Moms" (le "mur de mères"), et se donnent pour mission de protéger les hommes et les femmes qui protestent dans les rues de ceux qui, selon elles, provoquent les violences : les forces fédérales.
Tout est parti d'un appel sur Facebook lancé par Bev Barnum dans un groupe éponyme, qui appelait les mères à "faire ce que nous faisons le mieux - protéger les gens". "Comme la plupart d'entre vous l'ont lu et vu aux informations, des manifestants sont blessés (sans raison)", écrit-elle. "Et depuis peu, les manifestants sont privés de leurs droits en étant placés dans des voitures banalisées par des forces de l'ordre non identifiables".
Elle ajoute : "Nous, les mères, sommes souvent sous-estimées. Mais nous sommes plus fortes qu'on ne le croit. Alors, qu'en dites-vous, allez-vous me soutenir ? M'aiderez-vous à créer un mur de mères ?" Ce sont donc armées d'un "masque facial, d'un casque et de chaussures à bout fermé", et préparées à faire face à la présence de la police, que ces femmes se sont réunies, sous les applaudissements des manifestant·e·s.
Cela n'a pourtant pas empêché les forces de l'ordre de les gazer.
"Je suis une mère de 49 ans, titulaire d'une maîtrise en éducation, et je viens d'être gazée par mon propre gouvernement", dénonce l'une d'elles sur Twitter. "Nous étions venues en paix. Je ne peux pas croire que je vis maintenant dans une nation... qui n'hésite pas à gazer ses propres citoyens".
De son côté, Donald Trump n'a pas hésité à qualifier les militant·e·s d'"anarchistes et d'agitateurs".