Lundi soir, se tenait la 5e cérémonie des Y'a Bon Awards, un événement organisé chaque année par l’association Les Indivisibles afin de dénoncer les propos les plus racistes tenus dans l’année écoulée par des personnalités politiques et/ou médiatiques. Et c’est au Cabaret Sauvage, devant une salle comble, que le jury - composé de l’intellectuel Pascal Boniface, de l’humanitaire Rony Brauman, de Mireille Fanon-Mendès-France, présidente de la Fondation Frantz-Fanon, des journalistes Denis Robert et Nadir Dendoune, des musiciens DJ Cut Killer et Marco Prince ou encore de Toumi Djaidja, initiateur de la Marche pour l’Égalité de 1983 - a décerné les désormais traditionnelles peaux de banane dorées faisant office de trophée.
Parmi les lauréats, la comédienne Véronique Genest, connue pour avoir tenu pendant de longues années le rôle principal dans la série « Julie Lescaut », a reçu le prix du « Super patriote », pour s’être déclaré ouvertement islamophobe, en septembre dernier, dans l’émission « Vous êtes en direct » sur NRJ 12. « J’ai dit que je trouvais l’islam dangereux pour notre démocratie et qu’il nous le prouvait tous les jours. Ce soir je fais mon coming out : oui probablement que je suis, comme beaucoup de Français, islamophobe », avait-elle déclaré à Jean-Marc Morandini.
Le président de l’UMP, Jean-François Copé, a quant à lui reçu la peau de banane « Territoire perdu de la République » pour avoir affirmé dans un discours en octobre dernier : « Il est des quartiers où je peux comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes père et mère de famille rentrant du travail le soir apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan ». Autre membre de l’UMP récompensé ; le député du Var Jean-Sébastien Viallate pour ses propos tenus sur Twitter à propos des violences survenues dans le XVIe arrondissement de Paris en marge de la célébration du titre du PSG en Ligue 1 : « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves, ils ont des excuses. Taubira va leur donner des compensations ».
À noter que Franck Tanguy, le chroniqueur des « Grandes Gueules » sur RMC, la philosophe Élisabeth Badinter et la journaliste Élisabeth Levy pour « l’ensemble de son œuvre » se sont également vus décerner un prix pour leurs sorties jugées racistes par le jury ; mais aucun n’était présent physiquement pour le recevoir. Seul Christophe Barbier, lauréat de deux Y’a Bon Awards en 2011 et 2012 a fait le déplacement. Avouant considérer ses peaux de bananes « injustes », il s’est toutefois dit « ravi d’avoir été invité pour exprimer son point de vue ».
Placée sous le signe de la satire et de l’humour, cette édition était la première à se dérouler sous une présidence de gauche. L’occasion pour Bader Lejmi, l’un des organisateurs de rappeler « le racisme est toujours aussi normal sous une présidence normale ».
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