« La GPA (gestation pour autrui, ndlr) est une pratique reconnue comme partie intégrante de la PMA (procréation médicalement assistée) par l'Organisation mondiale de la santé » et « mérite à l'avenir un débat informé et serein ». Dans une tribune publiée par Le Monde du jeudi 20 décembre et cosignée par la sociologue Irène Théry, la philosophe Elisabeth Badinter renouvelle son appel à la légalisation de la gestation pour autrui en France. S’il n’est pas question de GPA dans le projet de loi instaurant le mariage et l’adoption pour tous, la philosophe estime que l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de même sexe et celle de la PMA aux couples de femmes « devraient permettre à toutes les unions et familles d'accéder à une reconnaissance et à une sécurisation que les institutions refusent aux couples de même sexe ». Et dans ce contexte, les deux cosignataires réclament « que la filiation des enfants nés par GPA à l'étranger soit légalement reconnue ». « Aujourd'hui, ces enfants sont les petits fantômes de notre République, alors que leurs parents sont français. Combien de temps va-t-on continuer à refuser l'état civil à certains enfants à cause de leur origine procréative ? La France ne saurait accorder plus ou moins de droits à un enfant en fonction de son mode de conception », insistent-elles.
Alors qu'en début de semaine, Pierre Bergé soulevait la polémique avec ses propos jugés misogynes sur les mères porteuses (comparant le ventre des femmes aux bras des ouvriers), Elisabeth Badinter s’exprimait sur la question jeudi dernier lors de son audition à l’Assemblée nationale et expliquait déjà qu'une gestation pour autrui « éthique » et non rémunérée pouvait être légalisée. « Il y a des femmes qui adorent être enceintes et qui ne souhaitent pas pour autant assurer la responsabilité de l'éducation d'un enfant », assurait-elle notamment. « J'en ai assez que l'on colle ce mot de marchandisation (...) Encadrer la possibilité de porter un enfant pour d'autres me semble ouvrir la porte à quelque chose d'acceptable voire de souhaitable », défendait-elle. La philosophe souhaiterait ainsi un système d'encadrement qui vérifierait que la mère porteuse est bénévole, et dans lequel « tous les intermédiaires doivent être bénévoles ».
Un positionnement qui n’est pas du goût du président de l'UMP Jean-François Copé, qui a exprimé mercredi sa « très grande inquiétude » vis-à-vis de l'ouverture de la PMA aux couples homosexuels. « Les députés PS, avec l'aval ambigu de François Hollande qui, incapable de trancher, s'en est remis sur ce sujet au jugement du Parlement souverain, ont décidé de défendre un amendement sur l'ouverture de la PMA aux couples de même sexe. Cette décision est extrêmement choquante (...) car elle témoigne d'un glissement progressif du projet de loi vers des sujets qui ne devaient pas être abordés », déclare-t-il ainsi dans un communiqué. Et d’ajouter : « La PMA est une technique médicale qui répond au problème de l'infertilité des couples. Dans le cas d'un couple de femmes, nous passerions d'une situation où la science lutte contre l'infertilité à une situation où elle est sommée de répondre à un désir d'enfant ». « Dans le cas d'un couple d'hommes, la PMA est par définition impossible (...) Cette discrimination entre couples de femmes et d'hommes ne pourrait être dépassée qu'en légalisant les mères porteuses qui sont interdites aujourd'hui en France au nom de la non marchandisation du corps », souligne le député-maire de Meaux, qui profite de ce communiqué pour renouveler son appel à se mobiliser pour la manifestation du 13 janvier 2013 à Paris contre le mariage, l'adoption et la PMA pour les couples de même sexe.
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