SEXE. Maintenant que nous avons votre attention, abordons le film au sujet duquel ce mot revient sans cesse ces dernières semaines, et plus encore depuis l'annonce du projet : "Challengers", LA sortie événement de cette fin avril, propulsant Zendaya dans une histoire de triangle amoureux sexy, sulfureux, "hot" à souhait.
La star de "Euphoria" et "Dune" incarne une génie du tennis devenue la coach de son mec - tennisman lui aussi - et qui va voir revenir, comme un fantôme, son ex, lequel est, vous l'aurez deviné... Tennisman. Encore. Mike Faist et Josh O'Connor accompagnent l'actrice dans ce récit très chaud sur fond de compétitions et de raquettes, où le jeu, vous l'aurez deviné, se fait la métaphore de celui de l'amour, du désir, et de la confusion sentimentale.
Presse et internautes fantasment sur le réel degré de "sexy-tude" d'un film qui, en vérité, a tellement plus à offrir. Et pour cause : on le dit au réalisateur de "Call me by your name". Et ca se sent. A deux cent pour cent. On vous raconte cette drôle d'expérience à vivre absolument en salles !
Il faut effectivement tenter "l'expérience" dans une salle obscure, ou alors, nulle part. Pourquoi ? Déjà pour la musique électrisante à souhait de Trent Reznor et Atticus Ross - dont vous connaissez volontiers les partitions si vous aimez le cinéma de David Fincher - qui semble nous projeter directement dans une boîte de nuit berlinoise. Ou dans la scène d'introduction du film de vampires "Blade", au choix. Des vibrations euphorisantes.
Et dont le tempo obsédant rythme les tentations et corps à corps fiévreux de notre trio de tête, qui parvient à s'émanciper des sempiternels fantasmes propres aux "ménages à trois" : pas de "male gaze" ici mais un "queer gaze", une mise en avant du désir entre hommes comme de l'attirance hétéro. En somme, un vrai triangle amoureux. On le constate durant la "scène du lit", qui... Est venue bousculer une salle au silence éloquent.
En plus d'être traversée d'une force d'évocation queer, cette échappée sportive est féministe : elle introduit sur le devant de la scène un personnage de sportive brillant et charismatique, mais également trouble, complexe, qui jamais au grand jamais ne cherche la sympathie, sans pour autant provoquer l'antipathie pure et dure relative aux stéréotypes les plus sexistes. Pas de cynisme dans ce caractère tour à tour malicieux, dramatique et ambivalent. Le cliché trop facile de la "femme forte" et badass paraît lui même valdinguer tant Zendaya s'approprie l'exercice avec conviction et détermination.
A l'image des décisions de ce personnage, "Challengers" est excessif. Sa mise en scène est hyper pop et très esthétisante, déployant des échanges de balles comme des séquences d'action ou plutôt... De sexe. Zendaya elle-même le décrypte ainsi : "Dans Challengers le tennis représente un peu le sexe ! Car c'est une métaphore pour beaucoup de choses – les désirs, la passion, la douleur, la colère, la frustration – mais aussi un moyen de communiquer avec les uns les autres quand les personnages n'ont tout simplement pas les mots"
Mais s'il peut sembler tout à fait disproportionné dans ses excès visuels, ce récit de "trouple" (couple à trois) dévoile également une mélancolie certaine. Sa narration très spécifique assume une structure en poupées russes : des bonds dans le temps perpétuels et parfois extrêmement minimes, qui semblent superficiels, mais tracent en vérité toute une réflexion sur les années qui passent, les regrets, l'éternel retour du souvenir.
C'est sexy, charnel, c'est parfois ridicule, souvent magnifique. C'est à voir.