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"Anatomie d'un scandale", la série Netflix qui explore le consentement et le viol conjugal
Publié le 29 avril 2022 à 18:50
Par Pauline Machado | Journaliste
Pauline s’empare aussi bien de sujets lifestyle, sexo et société, qu’elle remanie et décrypte avec un angle féministe, y injectant le savoir d’expert·e·s et le témoignage de voix concernées. Elle écrit depuis bientôt trois ans pour Terrafemina.
Cette mini-série produite par Netflix n'est certainement pas le chef d'oeuvre de la décennie, ni même de l'année. Mais "Anatomie d'un scandale" a le mérite d'explorer le consentement, le viol conjugal et l'impunité dont jouit l'élite britannique – et les hommes, plus généralement.
"Anatomie d'un scandale", avec Sienna Miller "Anatomie d'un scandale", avec Sienna Miller© Netflix
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Sophie et James Whitehouse (Sienna Miller et Rupert Friend) ont tout pour mener une existence paisible au milieu de l'élite britannique et loin des tracas jusqu'à leurs vieux jours. Du fric à ne plus savoir qu'en faire, un statut social en or massif, des privilèges comme s'il en pleuvait, un mariage à l'apparence solide – et un brushing plus éclatant que les joyaux de la Couronne.

Et puis, tout s'effondre. La relation adultérine de l'époux, député conservateur et conseiller privilégié du Premier ministre, avec son assistante parlementaire est révélée au grand jour. Le couple vacille. Histoire classique, pourrait-on se dire. Sauf que non. Quelques jours plus tard, le témoignage prend un tournant beaucoup plus dramatique : la jeune femme en question, Olivia Lytton, accuse son ancien amant de viol.

© Netflix

Au-delà de l'intrigue en elle-même, ce qui fait la particularité d'Anatomie d'un scandale et la raison de s'y plonger, c'est la façon dont la mini-série raconte la procédure judiciaire autour de l'affaire à travers les yeux de deux femmes. Sophie Whitehouse, la compagne de l'accusé, et Kate Woodcroft (Michelle Dockery), l'avocate de la plaignante. Cela, et les sujets délicats et importants qu'elle aborde. Dommage, toutefois, que leur traitement pourtant prometteur reste en surface.

Consentement et impunité au coeur du récit

Le show réalisé par S.J. Clarckson (Succession) se découpe en différentes parties : les flashbacks du couple lors de leur rencontre sur les bancs (ou aux soirées) de la prestigieuse université d'Oxford, les scènes au tribunal, les séquences dans la demeure londonienne des Whitehouse. Le rythme est lent, insiste sur des détails, des soupirs, des ambiances. Et la version des personnages féminins.

Lors de la première audience devant la Cour, Kate Woodcroft résume tout le but du procès (et du scénario) en quelques mots percutants : s'attarder sur la notion de consentement et déterminer si, "oui ou non", la victime présumée l'était, consentante.

"Personne ne conteste ces rapports sexuels", entame la plaidoirie de la femme de droit. "Ce qui est en cause est leur nature. Etait-ce, comme le soutient la Couronne, un viol violent auquel Mademoiselle Lytton n'a pas consenti. Ou était-ce, comme le soutient la défense, un acte de passion, des ébats amoureux ardents entre deux individus enflammés ?"

Elle ajoute : "Oui ou non. Le consentement se résume à cela." Une notion qui, on le voit au fil de la fiction comme dans la réalité, a encore du mal à être comprise aujourd'hui.

Parce que le "non" verbal qui le symbolise n'est pas un automatisme en cas d'agression sexuelle. L'incapacité de réagir, la sidération, est par exemple un mécanisme de défense courant. Et lorsque l'agresseur est un proche de la victime, le mot est d'autant plus difficile à prononcer. S'ajoute à cela une dynamique de domination hommes-femmes renforcée par la situation professionnelle de Whitehouse sur Lytton : il est son supérieur hiérarchique et, quasi inconsciemment, use de sa position de dominant.

"Boys will be boys"

L'autre bonne idée d'Anatomie d'un scandale, c'est son regard sur l'impunité ambiante des boys clubs, et une société qui perpétue et encourage sans s'en soucier ou presque, les comportements de prédateurs. De la façon dont la mère de Whitehouse l'idolâtre et s'amuse de ses tricheries enfant, à l'absence de conséquences face à ses actes condamnables lorsqu'il est étudiant, l'éducation que l'accusé a reçue est elle aussi fautive, tant elle l'a conforté dans l'idée qu'il est inconcevable qu'on lui dise "non". Qu'on se refuse à lui. Alors, il prend.

Tout cela, on le découvre du point de vue de Sophie Whitehouse, qui finit par examiner avec attention, comme soudainement sortie de sa bulle, l'attitude de celui qui partage sa vie. "Les Whitehouse sont toujours au top !", assène-t-il à son jeune fils qui semble prendre lui aussi la route d'un "boys will be boys" toxique. Parallèlement, elle met du temps à douter de la culpabilité de son époux.

Sophie Whitehouse (Sienna Miller) doute de son époux James (Rupert Friend) © Netflix

Une dualité intéressante et un rôle complexe rarement mis en lumière, que celui de la compagne de l'accusé, qui, comme le reste des thématiques abordées, auraient toutefois gagné à être plus aboutis.

Anatomie d'un scandale, disponible sur Netflix

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