Il a beau avoir dépassé le milliard de dollars de recettes au box-office mondial, Barbie ne contente pas encore tout le monde. Sortez le sachet de popcorn : alors les conservateurs américains affligés comme Ben Shapiro y perçoivent "un des pires films jamais vus, un des films les plus wokes jamais vus", bien des internautes dénoncent ce qu'ils considèrent comme de la pure "propagande féministe". On se régale.
Mais un autre argument absurde ne nous était pas encore venu à l'esprit. On peut remercier certains pays du Moyen-Orient pour ça. Effectivement, au Liban et au Koweit, la sortie de la comédie satirique de Greta Gerwig a été purement et simplement annulée. La raison ? Le ministre de la Culture Mohammad Mortadan l'explique : le film ferait la "promotion"... De l'homosexualité. Déjà que le féminisme, ça faisait beaucoup...
Une réalité qui en dit long sur ce que suscite le film.
Au Liban, Barbie se voit accusé de transgresser "les valeurs morales et religieuses" en faisant "la promotion de l'homosexualité et du changement de sexe" (le film ferait donc la promotion de l'homosexualité, ET de la transidentité !) mais aussi... "en tournant en ridicule le rôle de la mère".
Ce n'est pas tout, relate RFI. Greta Gerwig est aussi accusée de rejeter "la tutelle paternelle" et de "semer le doute autour de la nécessité du mariage et de la construction d'une famille". Famille hétéronormée évidemment... Des raisons suffisantes selon Mohammad Mortadan, qui compte bien bannir la réjouissante fable antipatriarcale de Greta Gerwig des salles obscures.
C'est la même chanson au Koweït. Rien d'étonnant hélas. Là bas, le film d'horreur La main se voit lui aussi privé de sortie en salles. Et ce par pure discrimination anti LGBTQ : la simple présence au casting de Zoe Terakes, interprète trans et non binaire de 22 ans, a suffit à permettre cette censure nationale.
Concernant Barbie, les raisons de la discorde semblent autant tenir de la représentation des femmes, que de celle des hommes dans le film. La critique des masculinités, et surtout de la virilité, le jeu avec les codes, les conventions, les stéréotypes, est un peu la colonne vertébrale du film. Et cela n'indigne pas qu'au Liban. Partout, ces messieurs fulminent. Ce qui a fait dire à l'humoriste américain Marc Maron : "le fait que certains hommes soient offensés est tellement embarrassant pour eux. Ce sont juste de gros bébés".
Par-delà ces masculinités fâchées, le catalogue chrétien de films Movieguide s'est lui aussi alarmé : "ce film Barbie oublie son public principal - familles et enfants - en racontant des histoires de personnages lesbiens, gays, bisexuels et transgenres. ATTENTION : N'AMENEZ PAS VOTRE FILLE VOIR BARBIE !".
Cependant, Barbie a toujours eu "des liens profonds avec la communauté LGBTQIA+", analyse Collider, qui vante notamment les vertus du film d'animation Barbie et le Palais de diamant, sorti au tout début des années 2000 et considéré... Comme une véritable oeuvre queer pour toute la famille ! Le site le compare même à Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, c'est dire. A tester ?