Alexandra Lamy s'empare du thème sensible des violences conjugales dans son premier film en tant que réalisatrice, Touchées, diffusé ce 22 septembre sur TF1. Une adaptation du beau roman graphique de Quentin Zuttion, qui permet à l'actrice de mêler ambitions artistiques et engagement féministe.
Celle qui vient de remporter le prix du meilleur téléfilm au festival de La Rochelle est revenue pour Terrafemina sur ce projet, ses intentions, mais aussi, sur ce qu'a pu représenter le mouvement #MeToo en France - pays où a résonné le témoignage d'Adèle Haenel.... Mais aussi le sacre de Roman Polanski aux César.
Car la révolution féministe semble avoir du mal à se faire entendre au sein du cinéma français, selon Alexandra Lamy. Et cette absence de soulèvement réel exaspère l'actrice. "Oui, j'ai eu des petits coups de gueule avec certaines de mes camarades, surtout au début de #MeToo. J'entendais : 'Oh, ça va...'. Ah bon, vraiment ? Mais qui est tombé en France ? Personne. Et pourtant, on les connaît tous".
La réalisatrice poursuit : "Et aucun d'entre eux n'a été inquiété, ils sont même sauvés par la prescription. Jusqu'au bout, on aide les agresseurs, c'est dingue ! Il nous faut des porte-paroles qui soient fortes, qui ne lâchent pas l'affaire. Sans cela, Harvey Weinstein ne serait jamais tombé", assure-t-elle.
L'actrice-réalisatrice revient également sur le sexisme inhérent au milieu. "Jeunes comédiennes, nous avons toutes été emmerdées par un réalisateur. Lorsqu'on réfléchit à nos parcours, on s'aperçoit que l'on vient d'une génération extrêmement patriarcale, celle de 'la petite main aux fesses', des allusions à la 'promotion canapé', à ces petits regards de haut en bas, à ces coups d'oeil sur nos seins", déplore-t-elle. Un constat cinglant et une parole nécessaire pour faire bouger les choses.