Les conseils de notre entourage sur nos relations ont souvent le don de nous filer de l'urticaire. Seulement parfois, ces petites graines qu'ils et elles plantent dans nos têtes en mal de recul peuvent s'avérer tout à fait salutaires. Des formules toutes faites ou plus personnalisées, qui vont finalement avoir un impact non négligeable sur la façon dont on analyse nos comportements, et ce qu'on peut bien faire de mal pour que nos amours foirent autant.
On a voulu connaître celles qui vous ont fait changer, avancer, grandir. Alors on a demandé à dix d'entre vous de nous les décrire.
"Le truc auquel je pense tout de suite, c'est une phrase que m'ont souvent dite mes amies, mais que mon psy m'a aidée à vraiment réaliser : ce n'est pas 'toi'. Pas ta faute si une histoire ne fonctionne pas, que la personne qui te plaît ne veut pas être avec toi, ou que ton aventure ne se transforme pas en histoire d'amour. Ça ne veut rien dire sur ce que tu 'vaux', ce que tu es. Il ne faut surtout pas se remettre en question et se flageller à cause de ça.
Bien sûr, il arrive que certains aient des comportements destructeurs et eux doivent bosser sur eux mais la plupart du temps, si quelqu'un ne veut pas de toi, c'est juste que ce n'est pas la bonne personne pour toi, et il ne faut vraiment pas se dire qu'on n'est pas assez bien pour eux et qu'on ne vaut rien. On n'est pas là pour convaincre qui que ce soit. On est là pour trouver notre binôme, quelqu'un qui nous fera nous sentir vraiment bien. Ça date de quelques années mais j'aurais adoré le comprendre plus jeune au lieu de me torturer sur ce que je faisais de mal".
"Une amie proche m'a un jour initiée au concept de la 'loi de l'esprit'. Pendant nos périodes de célibat, on subit la loi de l'esprit, qui fait qu'on garde la dernière personne qui a compté en tête. Et bien, ce n'est pas parce qu'on y pense qu'on est forcément folle amoureuse d'elle, c'est aussi souvent que ton esprit a besoin de meubler et garde le dernier mec, la dernière fille que tu as apprécié·e au premier plan.
A partir du moment où j'ai compris ça, ça m'a permis de dédramatiser. On n'a pas laissé partir le mec de sa vie, c'est juste qu'il n'y a personne d'autre à ce moment-là et ton cerveau te joue des tours. Ça vaut aussi dans le sens où si tu vois toujours un mec, impossible de te le sortir de la tête. Il faut couper les ponts pour passer à autre chose."
"C'était il y a quelques années, j'étais séparée de mon copain avec qui j'avais passé presque dix ans, car je n'étais plus sûre de moi. Je regardais A Star is Born (que j'ai trouvé chiant soit dit en passant) et quand Lady Gaga chante 'Don't wanna know another kiss, Don't wanna feel another touch', ça m'a fait pleurer. Je me suis rendu compte qu'en fait, ça y est, j'avais fait le tour en m'amusant et que c'était lui que je voulais. Sauf que lui ne voulait plus de moi. Un déclic à l'issue peu positive sur le coup.
Heureusement, quelques mois plus tard, on s'est remis ensemble, et on a décidé d'acheter un appartement à deux. J'ai eu des doutes, je me suis demandé si c'était bien d'acheter avec lui car je ne savais pas si c'était lui, l'homme de ma vie ? Et la mère d'une amie m'a dit quelque chose que j'ai trouvé bien. 'On ne sait si c'est l'homme de sa vie qu'à la fin de sa vie, pas avant de l'avoir vécue'. Dans son exemple à elle, elle était persuadée que son ex-mari était l'homme de sa vie alors que pas du tout. Et ça m'a vraiment rassurée : on ne peut pas savoir à l'avance, il faut essayer et se lancer. Depuis, tout va bien."
"Je crois que le meilleur conseil qu'on m'ait donné, c'est ma grande soeur qui vivait à New York à l'époque. Ça faisait quelques mois que je n'étais plus avec mon ex, j'étais à fond sur une autre fille et j'avais commencé à revoir une ancienne copine parce que la fille en question n'était pas du tout à fond sur moi. Je ne trouvais pas de boulot, je voyais les mêmes gens, je faisais les mêmes soirées, donc je tournais en rond. Et ma grande soeur m'a dit : 'Viens vivre quelques mois à New York chez moi'.
Ça a été l'une des meilleures expériences de ma vie et c'est là où j'ai rencontré ma copine, avec qui je suis depuis six ans. Ce n'est pas tant New York en elle-même qui m'a aidé que le fait de changer de perspective. Et aussi, de sortir de la pression sociale. Car en débarquant dans une nouvelle ville sans connaître personne, tout le monde se fiche de ce que tu fais au quotidien, et ça m'a libéré. Au point que j'étais dans un état d'esprit beaucoup plus adapté à rencontrer quelqu'un".
"Il y a quelques années, je discutais avec ma psy de ma vie sentimentale et des relations qui m'attristaient profondément. Elle a analysé que, plutôt que les comportements d'ex-copains, c'était à cause de ma peur de l'abandon que j'avais aussi mal. Je ne souffrais pas de la perte d'une personne dans mon quotidien, mais plutôt de ce qu'être quittée ou déçue renvoyait à mon histoire personnelle. Le fait d'avoir mis le doigt là-dessus m'a permis de prendre du recul sur mes amours, et leur importance.
Plus tard, ça a eu une réelle répercussion dans mes relations, et pas uniquement amoureuses. J'ai pu remettre en perspective ce que je ressentais. Réaliser que ces émotions étaient parfois disproportionnées par rapport aux agissements des personnes. En fait, ça m'a appris à faire confiance en l'amour que les gens me portent."
"Je passais par un énième échec amoureux que j'avais du mal à avaler, et mon frère m'a dit un truc que j'ai vécu comme une illumination. 'Si quelqu'un ne veut pas être avec toi, il ne faut pas se torturer parce que toi non plus, tu n'as pas envie d'être avec quelqu'un qui ne veut pas être avec toi'. J'étais célibataire à l'époque, je venais tout juste de me séparer de mon ex, et ça m'a aidée à mieux vivre cette rupture-là.
Plus tard, ça m'a aussi permis de mieux encaisser les quelques râteaux que j'ai enchaînés avant de rencontrer mon copain. J'ai réalisé que l'important, c'était ce que moi je voulais et je n'avais pas à me plier aux autres pour leur plaire".
"Il y a deux ans, j'avais du mal à construire une relation stable. J'allais d'histoire en histoire, aucune ne fonctionnant réellement. J'habite en Angleterre et comme mes 'copines' finissaient toujours par partir du pays, je me convainquais que c'était la distance qui était à l'origine de ces échecs. Quand j'ai parlé de ça à ma psy, elle m'a confrontée au fait que j'utilisais certainement l'argument de la distance pour expliquer plein de choses qui ne marchaient pas. Et ça a un peu été une épiphanie, ça m'a fait réaliser que je cherchais à tout prix à ce qu'il y ait un enchaînement de cause à effet clair. A tout rationaliser.
On est abreuvés de récits, de films, de séries, de livres, où tout est linéaire et tout a un sens. Et ce n'est pas vrai. Souvent, les choses sont plus troubles. Trouver des raisons à tout - et surtout à ce qui ne fonctionne pas, ce qui nous blesse - n'est pas toujours une bonne approche. Parfois, ça ne marche pas et c'est comme ça. On ne peut pas toujours avoir de 'clôture' déterminée de chaque rencontre, de chaque relation. Aujourd'hui je laisse plus les choses se passer comme elles sont, sans chercher à me poser de questions, je ne sur-analyse plus tout. Et c'est libérateur."
"Ma tante m'a dit, quand j'étais complètement paumée et que je souffrais de mes relations présentes et passées, que je ne devais pas essayer de comprendre. Qu'il ne fallait pas haïr mais plutôt accepter, remercier et transformer les énergies négatives. À partir du moment où j'ai vu les choses différemment, où j'ai compris qu'il s'agissait en fait de prendre soin de moi et d'accepter de m'aimer, j'ai pu prendre les bonnes décisions."
"Après ma séparation avec mon copain de longue date, c'est mon gynéco qui m'a secoué les puces. Il m'a dit que si je n'avais pas confiance en moi sur le fait que je pouvais faire de nouvelles rencontres, que je me persuadais que ça prendrait du temps d'être heureuse, que si je m'apitoyais sur mon sort et sur une rupture à 26 ans, personne n'aurait envie d'être autour de moi. A l'époque, je ne dormais plus la nuit, je faisais de l'anxiété, des crises de panique. Il m'a dit : 'Vous pourriez prendre des demi Xanax pour dormir oui, mais ce n'est pas ça votre souci. C'est votre peur de la solitude'.
Après ce rendez-vous, je suis retournée à New York voir un mec que j'avais rencontré quelques semaines auparavant lors d'un voyage professionnel, et que j'hésitais à retrouver. Je me suis dit : 'faut que je m'écoute : si je m'amuse tant mieux, si c'est nul tant pis'. Depuis, j'adore aller chez le gynéco. Et j'ai épousé le New-yorkais."
"On m'a dit, comme à beaucoup : 'Tu verras, ça arrive toujours quand tu ne cherches pas'. Une phrase énervante, frustrante quand on l'entend de la part de tes proches car en soi, ça n'arrange rien sur le moment. Mais finalement, elle m'a vraiment fait avancer !
Chercher coûte que coûte l'âme soeur biaise quoi qu'il arrive son comportement lorsqu'on rencontre ceux qu'on va identifier comme des 'partenaires potentiels'. On se met forcément plus de pression, on est forcément plus exigeante... Alors que quand on ne s'obstine pas à penser à chaque fois 'et lui ? Et pourquoi pas lui ? Et peut-être que ce soir... ?' on est beaucoup plus facilement soi-même, plus naturelle, et certainement plus charmante pour la personne en face de soi.
J'ai eu du mal à l'entendre au début car je ne comprenais pas pourquoi je n'arrivais pas à rester plus de 2 semaines avec quelqu'un contrairement à mes amis. Et puis ensuite, petit à petit sans trop l'assumer, j'ai laissé doucement tomber cette quête de l'autre en me concentrant sur le moment présent. Et ? J'ai trouvé sans chercher."
"Le déclic est venu d'une amie psy, avec qui j'ai discuté il n'y a pas longtemps de relations amoureuses. Elle me disait qu'elle percevait souvent, de la part des personnes qui la consultent après une rupture compliquée (mais pas toxique, ndlr), un positionnement en 'victime'. Pourtant, dans la plupart des cas, quand un couple se sépare ou qu'une relation se termine, les deux personnes sont responsables.
Il peut y en avoir une qui s'est mal comportée, et celle-ci est responsable de s'être mal comportée, mais l'autre est aussi souvent responsable de n'avoir pas voulu entendre certains signes avant-coureurs. Des preuves que l'autre n'était pas fait pour soi, ou pas prêt à s'engager. On le sent, ce genre de choses. Pourtant, de manière parfois un peu inconsciente, on se dit 'j'accepte, peut être qu'il va changer, que ce sera différent avec moi'.
Réaliser qu'on a une part de responsabilité dans cet échec permet de ne plus être passive dans la relation. Cela remet en perspective la dynamique de l'histoire, car on n'est plus seulement objet de la rupture, mais également actrice. Et pour son ego et son estime de soi, c'est salutaire.
Personnellement, si cette réflexion n'a pas influé sur ma relation actuelle, car je suis depuis quelque temps heureuse en couple, ça a changé la vision que j'ai de mes relations passées. De celles qui ont pu me faire du mal. Aujourd'hui, je les vois d'une autre manière, je me dis que j'avais aussi une part de responsabilité. Ça m'a permis de reprendre le contrôle sur mes anciennes histoires, le souvenir que j'en ai et l'impact psychologique qui m'a longtemps marquée."