La femme est-elle l'avenir de l'homme ? C'est fort possible. Mais pas simplement parce que les femmes sont en première ligne durant cette pandémie de Covid-19, qu'il s'agisse de prévenir et sensibiliser à la maladie, accueillir et soigner les malades dans les hôpitaux ou même coudre en quantité industrielle (et bénévolement) des masques. Non, ce n'est pas tout : la science démontre aujourd'hui les bienfaits des... hormones sexuelles féminines.
Et si les oestrogènes étaient une partie de la solution face à cette contamination qui bouleverse la planète ? De plus en plus de scientifiques se posent la question. Et ils ne sont pas seuls. Le New York Times s'interroge ouvertement : "L'oestrogène et d'autres hormones sexuelles peuvent-elles aider les hommes à survivre à Covid-19 ?". Une hypothèse riche de sens, qui fait suite à de nombreux constats scientifiques.
En s'appuyant effectivement sur les recherches actuelles de certains centres hospitaliers et médicaux, comme celui du Cedars-Sinai à Los Angeles, le journal l'affirme : les hommes sont plus susceptibles que les femmes de mourir du coronavirus, et les femmes plus susceptibles de guérir (qu'elles viennent de Chine, d'Italie ou des États-Unis). Et il semblerait que les hormones produites par ces dernières y soient pour quelque chose.
"Il existe clairement un effet protecteur des oestrogènes" face aux infections virales , attestait déjà le mois dernier le scientifique Jean-Charles Guéry du Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan. Selon le chercheur français, les chromosomes X et les hormones sexuelles féminines portent "des gènes de l'immunité", c'est indéniable. Et ce n'est pas la Dr Sara Ghandehari qui nous dira le contraire. D'après cette pneumologue et médecin au service des soins intensifs à l'hôpital de Cedars-Sinai (Los Angeles), "il y a quelque chose dans le fait d'être une femme qui est protecteur [face au coronavirus] et cela nous fait penser aux hormones".
Et c'est suivant cette hypothèse que les médecins de Long Island (New York) font depuis quelques jours des tests cliniques sur des patients (masculins, donc) à base d'hormones sexuelles féminines, nous apprend le New York Times. Le but ? Augmenter leur système immunitaire. Et au sein du centre hospitalier de Los Angeles, on pense également à employer une autre hormone : la progestérone. Celle-ci aurait "des propriétés anti-inflammatoires" bénéfiques face au Covid-19.
Pour Sara Ghandehari, il y a urgence : 75% de ses patients en soins intensifs sont des hommes. A l'inverse, les femmes enceintes ont tendance à mieux accueillir la maladie. Et que trouve-t-on dans leur organisme ? Un niveau élevé d'oestrogènes et de progestérone.
Les tests à base d'oestrogènes émanent d'une observation initiale, faite à la Renaissance School of Medicine de l'Université Stony Brook de Long Island. Selon la Dr Nachman, qui supervise ses recherches, des résultats solides pourraient parvenir dans les mois à venir. Néanmoins, certaines voix scientifiques sont moins optimistes. Comme la microbiologiste américaine Sabra Klein par exemple, qui tient à nous rappeler que les femmes âgées ont toujours tendance à mieux guérir du coronavirus que leurs homologues masculins. Or, la production d'oestrogènes est bien moindre après la ménopause. La solution ne serait donc pas simplement hormonale...
"Lorsque nous observons des patientes infectées, leurs réponses immunitaires sont différentes", insiste cependant la Dr Nachman. Toujours est-il que de New York à Los Angeles, ce sont donc des dizaines et des dizaines de patients qui, volontaires aux tests, reçoivent des injections d'hormones plusieurs jours durant. Autant dire que l'évolution de leur santé est minutieusement surveillée par les professionnels.
Rappelons cependant qu'il y a bien d'autres manières d'expliquer pourquoi les hommes sont plus vulnérables face au coronavirus - et meurent en plus grand nombre. Les nuances de consommation de cigarettes et d'alcools entre hommes et femmes à travers le monde n'y est par exemple pas pour rien - du côté des hommes, elle est bien plus souvent excessive. Bien des enquêtes mettent également en évidence des taux de diabète et d'hypertension artérielle, plus élevés selon les sexes. En attendant, les recherches se poursuivent...