Les femmes sont toujours les premières victimes des crises. Ce fait accablant, c'est l'ONG Care qui nous le rappelle. D'autant plus, poursuit de son côté ONU Femmes (études chiffrées à l'appui) qu'elles doivent faire face à une pandémie "fantôme" : les nombreux abus, discriminations et violences qu'on leur inflige au quotidien et que cette situation ne fait qu'exacerber. Face à cela, l'Ethiopie rappelle l'importance des femmes, bien souvent en première ligne quand il s'agit de lutter contre la maladie. L'idée du gouvernement ? Déployer pas moins de 40 000 travailleuses de la santé sur le territoire afin de venir en aide aux plus démunis.
Plus encore que les masques et le lavage des mains, la "ressource-clé" de l'Ethiopie, et de l'Afrique en général, serait donc "les femmes", s'enthousiasme l'agence Reuters. "Ressource", mais surtout recours, et primordial qui plus est. En Afrique de l'Est, toute une communauté sororale (une véritable "armée" nous dit-on même) est donc chargée d'informer, de soigner et secourir les populations avoisinantes.
Plus de 10 000 personnes seraient déjà infectées par le coronavirus en Afrique, et plus de 700 en seraient mortes selon l'AFP. Si la situation est alarmante (l'état d'urgence est déclaré à Addis-Abeba, la capitale de l'Ethiopie), le ministère de la Santé éthiopien compte sur une issue précise pour éveiller les consciences et soigner les corps : "la confiance assurée par les femmes" au sein des populations éthiopiennes. Depuis des années, ce sont déjà elles qui par centaines assurent au sein de leurs villages des gestes de prévention et de protection sanitaires.
C'est donc toute une équipe rodée de milliers de mains qui se charge désormais de surveiller les nouveaux cas, identifier les symptômes, inciter à la distanciation sociale et relayer les informations au sujet de la maladie - en déboulonnant les "fake news" au passage. Fausses nouvelles qui dépassent, et de loin, le simple stade du factuel. Bien des citoyens pensent effectivement que "Dieu va les sauver" du coronavirus, détaille encore Reuters.
Des "travailleuses" ou "auxiliaires" de santé aux profils hétéroclites, allant de l'étudiante en médecine aux mères de famille et professeures expérimentées. Le directeur de l'ONG de santé publique Amref Health Africa, Misrak Makonnen, est convaincu que la relation étroite qui unit ces citoyennes érudites à leur voisinage ne peut être que bénéfique. "La communauté les connaît et les écoute depuis des années, puisqu'elles ont probablement déjà aidé une mère lorsqu'elle était enceinte, lorsqu'elle a eu des enfants, lorsqu'elle a du les faire vacciner", explique-t-il.
Idéal pour sensibiliser les citoyens et leur venir en aide donc. Hélas, si cette "armée" de soignantes est une belle alternative, elle ne peut faire office de solution-miracle, loin de là. Et les spécialistes insistent plus volontiers sur l'appui de soutiens matériels et économiques pour lutter contre la pandémie. "Nous devons former ces auxiliaires et surtout bien les équiper, sinon elles peuvent être une source de transmission de la maladie", insiste en ce sens Azeb Tesema, professeur adjoint de santé publique à l'Université de Mekelle (au nord de l'Éthiopie).
Dans le monde, rappelle l'ONG Care, pas moins de 70% des emplois du "care", entre le secteur de la santé et celui du social, sont occupés par les femmes. Une dominante que l'Ethiopie ne fait qu'appuyer.