Alex Morgan a l'habitude des exploits. Mais ce que vit aujourd'hui l'attaquante américaine - et championne olympique de 30 ans seulement - n'a pas grand-chose à voir avec la Coupe du monde féminine de football. Aujourd'hui, la championne doit à la fois s'organiser face au report des Jeux Olympiques de Tokyo (tant pis pour son entraînement intensif de plusieurs mois) et à ce qui l'attend : accoucher en pleine pandémie mondiale.
Une actu perturbante que la sportive accueille avec le sourire et le V de la victoire, les bras en l'air, comme le dévoile la très jolie Une du magazine Glamour. L'espace d'une interview publiée dans ce numéro d'avril, la footballeuse, qui en est à sept mois et demi de grossesse, exprime ses incertitudes en cette période troublée à laquelle, comme bien des individus à travers le monde, elle ne s'attendait vraiment pas.
"J'ai déjà souffert de beaucoup de blessures sportives majeures et enduré bien des douleurs, mais rien ne va ressembler à cet accouchement", annonce-t-elle d'emblée. Une parole précieuse pour toutes celles qui, à son image, se préparent à donner vie en pleine pandémie.
"J'ai l'impression que si je n'en fais pas l'expérience, je ne saurai jamais vraiment ce dont je suis capable", a ajouté la future mère de famille à propos de cet accouchement imminent. A l'origine, la sportive n'avait qu'une chose à l'esprit, nécessaire à ses yeux : s'assurer de la naissance naturelle de sa future fille, sans analgésiques. Mais aujourd'hui, la situation exceptionnelle de pandémie mondiale et le respect strict des mesures sanitaires qu'elle implique l'alarment pour bien des raisons. Par exemple ? Le refus de la part de nombreux hôpitaux de laisser les conjoints pénétrer dans la salle d'accouchement. Et cela, l'attaquante-vedette ne peut l'envisager.
"Je ne me sentirais pas à l'aise d'accoucher sans mon mari, j'ai peur", explique-t-elle, ajoutant que cette préoccupation est encore "un grand sujet discussion avec [son] mari, [sa] mère, [son] équipe de soins". Et la sportive de s'interroger ouvertement : "Que dois-je faire ?".
Des doutes qui l'assaillent bien plus que sa situation professionnelle. Des marques comme U.S. Soccer et Nike, avec qui elle a actualisé ses contrats, lui ont d'ores et déjà exprimé tout leur soutien quant à cette "pause". Nike, affirme People, lui assure 18 mois de salaire garantis, même si elle ne joue pas un seul match durant cette période. Un soutien financier qui n'a rien d'anodin. Et qui apporte un brin de stabilité à son quotidien plutôt déboulonné.
"Aujourd'hui, j'adorerais accoucher à la maison et vivre un moment de vie intense et magnifique", confesse même la footballeuse dans les pages de Glamour. Rappelons qu'à l'instar d'Alex Morgan, des millions de femmes s'interrogent quant aux circonstances du "jour J", alors que les personnels hospitaliers sont débordés et les mesures inhabituelles au sein des établissements.
En France, après de nombreuses tergiversations, le Collège des gynécologues obstétriciens recommande finalement la présence du père, dans le respect de certaines règles sanitaires cependant : le futur papa doit être présent dès la première phase de l'accouchement et ne doit pas quitter la salle avant la fin (si c'est le cas, il devra également quitter l'hôpital), sauf en cas de césarienne - où sa présence ne sera tout simplement pas acceptée.
Alex Morgan a d'ailleurs tenu à apporter son soutien à toutes ces femmes et mères sur le front pendant la crise à travers le globe. En le rappelant au passage, coronavirus ou pas : avoir une carrière et être enceinte, ce n'est pas incompatible. "Le souci n'est pas que les femmes ne peuvent pas faire les deux - nos corps sont incroyables - mais que ce monde n'est pas conçu pour qu'elles s'épanouissent", décoche-t-elle. Un joli tacle.
Pour la photographe Radka Leitmeritz, autrice des clichés athlétiques et solaires de la star (pris il y a une poignée de semaines), c'est en partie ce genre de discours critiques qui fait d'elle une "femme forte et badass" mais aussi "la maman la plus cool". Mais Alex Morgan est aussi une personnalité qui ne craint pas de dévoiler ses doutes et son anxiété, comme le démontre cette interview. "Maintenant, tout a changé, mais la championne regarde déjà vers son prochain objectif", nous assure le magazine sur Instagram. On lui souhaite de surmonter ces futures épreuves.