Le 7 juin prochain, les footballeuses françaises vont enfin prendre la lumière. Après le triomphe des Bleus de Didier Deschamps en 2018, c'est au tour de l'Equipe de France féminine coachée par Corinne Diacre de conquérir le coeur du public en disputant la huitième Coupe du monde féminine en France. Mais qui sont ces championnes que nous ne connaissons finalement que trop peu ? Quel est leur parcours, quels sont leurs rêves ?
Grande fan de sport féminin, la réalisatrice Géraldine Maillet a suivi cinq "footeuses" qui font partie de la fameuse liste des "23". Depuis janvier 2019, elle s'est glissée dans l'intimité d'Amandine Henry, la capitaine des Bleues, Wendie Renard, Gaëtane Thiney, Kadidiatou Diani et Viviane Asseyi. Cinq destins singuliers, cinq parcours exceptionnels.
Son documentaire Le moment de briller retrace la montée en puissance de la team, les stades qui se remplissent, le barnum médiatique qui commence à se mettre en place autour de ces championnes peu habituées aux projecteurs et interroge leur choix de devenir pro dans un sport encore dominé par les hommes. Une heure d'images qui permettent de faire plus ample connaissance avec ces Bleues généreuses, rafraîchissantes et fières, mais aussi de découvrir leur famille, prête à tous les sacrifices (mention spéciale à la maman de Viviane Asseyi, l'irrésistible Sidonie).
Nous avons rencontré la productrice engagée du documentaire, Julie Gayet, à quelques jours du coup d'envoi du match France-Corée du Sud, le 7 juin au Parc des Princes. Elle nous parle de la nécessité d'investir le terrain du sport féminin et espère que ce Moment de briller créera des vocations.
Julie Gayet : Je produis un documentaire de cinéma assez long avec Stéphanie Gillard sur la question des femmes dans le football féminin. On y fait un zoom sur le club de l'Olympique lyonnais. Parce que la décision du président de l'OL, Jean-Michel Aulas, de dire : "Maintenant on va donner les mêmes moyens aux filles" et de faire des contrats fédéraux dès 2008 a fait changer son équipe féminine et a permis à toutes ces femmes de devenir professionnelles. Et on se disait qu'avec la Coupe du Monde féminine en France, ce serait fou de ne pas profiter de cela pour mettre les footballeuses en lumière que le grand public ne connaît pas.
J'étais ravie de pouvoir montrer qui elles sont, quelles sont leurs familles, leurs personnalités... Ce documentaire, c'est aussi une façon différente de les filmer. J'avais vraiment envie qu'on les rende belles, sans voix off, et qu'elles soient filmées comme au cinéma. On voulait en faire des icônes, des portraits qui les racontent pour le plus grand nombre, diffusés sur TF1, qui est la chaîne officielle qui diffuse les matches.
J.G. : Il y a un vrai côté politique. On le voit dans le rugby féminin, dans le basket... A Lyon, les volleyeuses ont aussi gagné. Je sens qu'il y a quelque chose qui est en train de se jouer, un regard différent et c'est pour ça que c'est important d'être là.
Quand il n'y a pas de club dans une ville, les femmes ne le demandent pas forcément. Mais quand une licence s'ouvre, c'est plein. Quand ça existe, elles y vont. Donc il en faut plus. Donc on espère que ce documentaire et cette Coupe du monde fera qu'il y aura des licences dans toutes les villes. Et que les petites filles pourront jouer comme moi, j'y ai joué quand j'étais petite.
J.G. : J'ai fini goal donc je ne sais pas ce que cela signifie ! (rires) Je prenais beaucoup de coups dans les tibias et ce n'était pas compatible avec actrice donc voilà... J'adorais ça ! Je me retrouve pas mal dans la gardienne Sarah Bouhaddi qui pousse l'équipe, qui est derrière les joueuses. Je criais beaucoup depuis mes cages de but. J'aime le sport d'équipe et j'ai vraiment adoré jouer, même si j'avais mauvais caractère.
J.G. : J'ouvre le débat sur cette question parce que c'est très délicat. Je suis évidemment pour l'égalité salariale, pour l'égalité du congé paternité car si on veut avoir des carrières, il faut aussi que les hommes puissent s'occuper des enfants. Donc il faut également penser aux hommes si on veut penser à nous.
Mais nous ne sommes pas aussi grandes et aussi costauds. Dans le tennis, les femmes jouent en trois sets et non en cinq, c'est peut-être assez judicieux. En tout cas, je me questionne. Faut-il changer les terrains ? La taille des cages ? Dans le documentaire, on entend Wendie Renard qui dit qu'elle joue au Groupama Stadium, un très gros stade. Elle parle du fait que les hommes ont de la chance parce qu'ils ont des gros stades remplis et qui vibrent. Donc c'est vraiment important quand même de garder ça ! Si on commence à faire des différences sur la taille des buts, ça voudrait dire qu'on change tout... C'est un débat qu'il faut ouvrir et qu'il ne faut pas, nous les femmes, oublier de nous poser.
J.G. : C'est historique parce que les filles vont jouer la Coupe du monde, ici, en France. Toutes les meilleures équipes mondiales seront là. Aux Etats-Unis, les joueuses sont des stars, et en France, c'est une incroyable équipe. Et parce que les choses ont beaucoup changé dans le football féminin, c'est un tournant. On voit celles qui, comme Wendie Renard, Amandine Henry, Gaëtane Thiney qui sont des immenses joueuses, ont été à une époque où le football féminin professionnel n'existait : on était amateur, il fallait travailler à côté. Et aujourd'hui elles ont, grâce à Jean-Michel Aulas ou au président de la Fédération française de foot Noël Le Graët, réussi à avoir des contrats, réussi à être à l'égal, à avoir les mêmes moyens que les hommes, à jouer dans des gros stades avec la foule... Ça les porte, ça nous porte.
J'espère que cette Coupe du monde féminine donnera envie à plein de petites filles de jouer. Regardez les matches ou sinon venez les voir parce que c'est en France, dans les stades, c'est encore mieux et vibrer avec nous !
Le moment de briller- Les Bleues en route vers le Mondial
Diffusion le samedi 1er juin à 13h30 sur TF1
Un film réalisé par Géraldine Maillet et produit par Julie Gayet et Chritie Molia