Société
Des femmes porteuses du VIH stérilisées de force en Afrique du sud
Publié le 26 février 2020 à 11:32
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"Traitements dégradants, Violations graves des droits humains...". En Afrique du Sud, où le VIH fait encore des ravages, des dizaines de femmes hospitalisées ont du subir une stérilisation forcée. Des violences écoeurantes.
Les violences à l'égard des femmes porteuses du VIH se banalisent en Afrique. Les violences à l'égard des femmes porteuses du VIH se banalisent en Afrique.© AdobeStock
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C'est un véritable scandale, relayé par les médias nationaux et les organisations non gouvernementales. En Afrique du Sud, une cinquantaine de femmes porteuses du VIH ont subi un traitement d'une grande violence : elles ont été stérilisées de force dans plusieurs hôpitaux du pays. Ces révélations n'éclosent pas de rien. Elles sont le fruit d'une longue enquête menée depuis cinq ans par la Commission pour l'égalité des sexes d'Afrique du Sud.

Ce rapport, relate le média Jeune Afrique, nous apprend que la majorité des victimes étaient enceintes : c'est au moment d'accoucher que ces dizaines de femmes se sont vues contraintes de signer un formulaire nébuleux. Un document qui, en vérité - et elles ne l'apprendront que plus tard - autorisait le personnel de l'hôpital à les stériliser "par divers moyens". Et ce avec "leur consentement", soi disant. Des signatures volées à l'instant où ces patientes hospitalisées éprouvaient "une douleur extrême"... Glaçant.

Une violation des droits humains

Traitements dégradants. Violations graves des droits humains... Ces termes constituent la conclusion accablante du rapport établi par la Commission pour l'égalité des sexes. En parallèle, les nombreux témoignages des plaignantes et les recherches des enquêteurs en disent également long sur le traitement honteux qui leur a été réservé. Si ces patientes n'apposaient pas leur signature à cette soi-disante "autorisation", le personnel hospitalier refusait par exemple de leur prodiguer des soins médicaux. Et ce en plein milieu d'un accouchement, donc.

Comme l'indique encore le média digital marocain Le 360, certaines d'entre elles ont même subi des mutilations. C'est le cas d'une plaignante, dont les trompes de Fallope ont été sectionnées après l'accouchement. D'autres encore auraient été confrontées à une véritable agressivité verbale. Avant de la contraindre à signer un formulaire et quitter l'hôpital, une infirmière aurait ainsi décoché à l'une de ces patientes : "Vous devriez être stérilisées, vous, les personnes vivant avec le VIH, vous aimez faire des bébés, et ça nous ennuie". Des propos édifiants qui suggèrent l'exploitation éhontée de ces femmes par le personnel hospitalier.

Une exploitation d'autant plus scandaleuse que le VIH touche les femmes de manière disproportionnée en Afrique. L'an dernier, l'organisme ONUSIDA, qui mène des actions de prévention à échelle mondiale, l'affirmait d'ailleurs : au cours des dix dernières années, la prévalence du VIH a été "jusqu'à trois fois plus élevée" chez les femmes âgées de 20 à 29 ans que chez les hommes au sein du Cameroun, de la Côte d'Ivoire et du Ghana.

D'où la nécessité vitale de sensibiliser les populations locales sur la réalité du VIH, achève l'ONUSIDA. Mais aussi de révéler les abus que subissent celles qui en souffrent. Aujourd'hui, ces dizaines de victimes, dont les témoignages sont largement soutenus par des organisations de défense des droits des femmes, souhaitent que ces violences ne demeurent pas impunies.

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