Alors que tous les regards se tournent sur l'affaire P Diddy, dossier conséquent à l'encontre d'une mégastar du rap américain que nous détaillons dans cet article, d'autres révélations mettent en lumière des pans tout aussi inquiétants de l'industrie culturelle américaine.
L'affaire "Quiet on Set" par exemple, du nom du documentaire Quiet on Set: The Dark Side of Kids TV, le récit en cinq épisodes d'anciens enfants stars issus de la chaîne mythique des séries tout public : Nickelodeon. Ex vedettes qui dénoncent du harcèlement, des abus et même, des viols.
Documentaires appuyés par des enquêtes, celles du Los Angeles Times notamment. Au coeur de ces allégations, on retrouve souvent le nom du producteur de Nickelodeon dans les années 2000 : Dan Schneider.
Et parmi ces nombreuses voix qui témoignent, celle d'Amanda Bynes, comédienne - pour publicités, téléfilms, séries télévisées et comédies musicales - depuis ses sept ans, et star d'un historique talk show pour enfants. Elle est la vedette de la série Nickelodeon All that.
Hier "étoile" scintillante, Amanda Bynes, âgée aujourd'hui de 37 ans, souffre désormais de dépression, aurait vécu de nombreuses phases d'autodestruction. Elle est méconnaissable physiquement : le visage tatoué, les cheveux teints, sa silhouette différente, avec en outre un recours avoué à la chirurgie esthétique.
Ses fans nostalgiques - ceux d'une époque bien précise, celle de Lizzie McGuire, de Justin Bieber, des Jonas Bros et des teen movies de Lindsay Lohan - ne reconnaissent pas du tout celle qui arborait une mine enthousiaste lors des Nickelodeon's Choice Awards 2003.
Et son histoire cache un profond scandale.
Amanda Bynes aurait connu dès l'adolescence des phases de dépression, d'inconfort envers son apparence, de troubles psychologiques. Mais aussi, de consommation de drogues, suscitant fatalement des épisodes de violences, et les choux gras des tabloïds en manque de news sensationnelles. Et ce après une carrière fulgurante, qui a notamment connu une ascension dès la fin des années 90.
Ces dernières années, la vie d'Amanda Bynes a été chaotique : addictions, traversée du désert artistique, traitements médicaux multiples, ragots et scandales divers dans la presse à gossips, hospitalisation d'urgence dans un hôpital psychiatrique, passage dans un centre de désintoxication.
Bien connue des fans du film She's the Man, Byne est désormais devenue le symbole parmi d'autres des anciens enfants stars en pleine déchéance : Corey Feldman et Macaulay Culkin dans les années 80, Edward Furlong et Britney Spears dans les années 90, et la génération Disney et Nickelodeon la décennie suivante.
Pour ne citer que ceux-là : on parle ici d'enfants exploités, parfois directement par leurs parents, dans un but lucratif, d'enfants violentées, manipulés, soumis à un système qui les broie, quand les dessous de l'industrie où ils naviguent ne dévoilent pas de pires horreurs. Les scandales #MeToo et la récente affaire P Diddy rappellent le fonctionnement de ce système : s'attaquer aux plus vulnérables, user d'une domination qui suscite l'omerta.
Une domination dénoncée en France sous son prisme cinématographique, par le mouvement #MeTooGarçons, que nous abordons dans cet article.
A propos de "l'affaire Amanda Bynes", et de la descente aux enfers de l'actrice, retirée des écrans depuis près de 15 ans, beaucoup pointent aujourd'hui du doigt celui qui l'a repéré et promis à un grand avenir, Dan Schneider. Mogul dont le comportement serait "sexiste et toxique", relate l'enquête de Vanity Fair, ciblé par de nombreuses allégations, et dont la chaîne préférée des enfants s'est séparée il y a quelques années déjà.
Dans le documentaire, d’anciens employés de Nickelodeon comme la monteuse Karyn Finley Thompson insistent sur l'emprise du producteur, et affirment effectivement sans détour : "J’ai clairement vu Amanda être très proche physiquement de Dan. Il y a eu de nombreuses fois où j’ai vu Amanda assise derrière lui en train de le serrer dans ses bras, ou de lui faire un massage du cou ou autre".
"Dan et Amanda avaient une relation étroite"
Dan Schneider, quant à lui, explique avoir simplement aidé la jeune actrice, notamment lorsqu'elle souhait s’émanciper légalement de ses parents : "Je l'ai eu au téléphone une nuit, elle était en détresse. Elle avait eu un conflit avec ses parents, je crois avec son père, et elle a appelé. J’ai immédiatement eu peur pour sa sécurité".
La principale concernée, elle, s'exprime dans un podcast, Amanda Bynes & Paul Sieminski : The Podcast. Qu'elle stoppera au bout d'un épisode, expliquant : "Nous ne sommes pas en mesure d’obtenir le type d’invités que j’aimerais voir dans l’émission, comme Jack Harlow, Drake ou Post Malone"
A l'évocation d'Amanda Bynes, beaucoup rappellent les révélations qui ont pu émerger du documentaire "Quiet on Set", ainsi que d'autres enquêtes. Il est notamment question d'attitudes déplacées, graveleuses, d'agressions sexuelles, et de "sexualisation".
Ainsi, rapporte Paris Match, l'un de ces anciens enfants stars, Daniella Monet, a expliqué "à quel point elle se sentait « sexualisée » en filmant certaines scènes de sa série, dont une où elle devait manger un cornichon tout en appliquant du brillant à lèvres".
Le journal développe : "sont également soulignés au fil des témoignages [d'anciennes comédiennes et comédiens mais aussi de techniciens et d'employés, ndlr] les séquences fréquentes au sein de ces programmes présentant les pieds de jeunes actrices, ou encore de nombreuses scènes impliquant des jeunes filles se faisant gicler des liquides ou de la bave sur le visage et le corps, à la manière des films pornographiques"
Des révélations sordides.