"Dans un monde où l'avortement pourrait être rendu illégal, nous sommes inquiets à l'idée que les logiciels de Google (...) ne deviennent des outils pour les extrémistes de droite qui veulent réprimer les personnes en quête de soins de santé liés à la reproduction". Dans une lettre ouverte adressée à Sundar Pichai, dirigeant de Google, 42 élu·es démocrates se sont inquiété·es de l'utilisation des données de géolocalisation par l'entreprise américaine.
"Car Google conserve des informations sur l'emplacement géographique de centaines de millions d'utilisateurs de smartphones, qu'il partage régulièrement avec des agences gouvernementales", poursuivent les signataires, qui exhortent le géant de la tech à cesser leur collecte. Celles-ci pourraient ainsi être employées pour identifier les femmes cherchant à avorter, craignent-ils et elles.
Une peur particulièrement pertinente à l'heure où la Cour suprême américaine menacerait de revenir sur le droit à l'avortement, a révélé le journal Politico, lors d'une fuite inédite de documents émanant de la plus haute instance juridique du pays.
Outre-Atlantique, plusieurs Etats oeuvrent déjà à restreindre drastiquement l'accès à l'avortement. Au Texas, une loi interdit l'avortement dès six semaines de grossesse, même en cas de viol ou d'inceste. Dans Oklahoma, le 28 avril dernier, le Sénat de l'Etat a approuvé un texte de loi interdisant quant à lui toute interruption volontaire de grossesse, "quel que soit l'état d'avancement de la grossesse", sauf dans des cas d'urgences médicales, de viol, ou d'inceste.
Des mesures qui pourraient se généraliser si l'avant-projet de la Cour suprême estimant que rien dans la Constitution américaine ne protège l'IVG venait à être voté. Ce, malgré la décision historique de Roe v. Wade qui, en 1973, les avait rendues légales.
"Google a eu le mérite d'avoir été l'une des premières entreprises aux États-Unis à insister sur l'obtention d'un mandat avant de révéler des données de géolocalisation aux forces de l'ordre, mais ça ne suffit pas", insistent encore les élus démocrates. Et de conclure : "La seule façon de protéger les données de localisation de vos clients d'une surveillance aussi choquante du gouvernement est de ne pas les conserver du tout".