Près d'une semaine après l'entrée en vigueur au Texas de l'une des lois anti-avortement les plus restrictives des Etats-Unis et après le refus de la Cour suprême de la stopper, le gouvernement de Joe Biden contre-attaque et porte plainte contre l'Etat conservateur du sud. Le ministre de la Justice Merrick Garland a ainsi déclaré lors d'une conférence de presse ce jeudi 9 septembre que cette loi était "clairement inconstitutionnelle au regard de la jurisprudence de la Cour suprême", précisant : "Le ministère de la Justice a pour responsabilité de défendre la Constitution des Etats-Unis et l'Etat de droit. Aujourd'hui, nous accomplissons ce devoir en déposant plainte."
Ce texte texan interdit tout avortement une fois les battements de coeur de l'embryon détectés, période qui se situerait aux alentours de six semaines, alors même que de nombreuses femmes ignorent encore qu'elles sont enceintes à ce stade-là. Aucune exception en cas de viol ou d'inceste n'est prévue dans cette loi. Par ailleurs, cette nouvelle législation prévoit une prime de 10 000 dollars à celles et ceux qui dénonceraient les contrevenants. Une disposition qui pousse les citoyens à devenir des "chasseurs de prime", a fustigé le ministre de la Justice.
Depuis 1973, la Cour suprême américaine garantit le droit des femmes à avorter tant que le foetus n'est pas viable (environ 22 semaines de grossesse), grâce à l'arrêt historique "Roe contre Wade". A la surprise générale, l'institution n'est toutefois pas intervenue pour empêcher la mise en place de ce "Texas Heartbeat Act", invoquant des "questions de procédure", provoquant une onde de choc chez les défenseurs des droits des femmes.
A l'annonce de cette décision, Joe Biden avait dénoncé "une attaque sans précédent pour les droits constitutionnels des femmes". Face à cette "insulte de l'état de droit", le président démocrate avait promis "une réponse immédiate" de son gouvernement. C'est donc aujourd'hui chose faite.
Cette contre-attaque gouvernementale a été saluée par le Planned Parenthood, le planning familial américain, par la voix de sa présidente Alexis McGill Johnson : "Merci au président Biden et au ministère de la Justice d'utiliser les pouvoirs du gouvernement fédéral pour protéger les Texans de cette loi injuste et dangereuse", relaie Le Monde.
De son côté, le gouverneur du Texas, le Républicain Greg Abbott, à l'origine de cette loi anti-IVG ultra-restrictive, a balayé la plainte du gouvernement, accusant le président Joe Biden de chercher à "détourner l'attention des évacuations désastreuses d'Afghanistan et de sa politique migratoire inconsciente". Le combat continue.