Ne plus servir les repas consommés sur place dans des couverts jetables. C'est cette bonne résolution qu'ont promis de tenir les enseignes de fast food en cette nouvelle année. Une mesure appliquée dès le 1er janvier, dont l'irrespect pourrait engendrer des amendes allant de 1 500 à 15 000 euros, et qui devrait en toute logique faire rimer restauration rapide et ambitions écologiques.
En appliquant cette interdiction, les restaurants ont pour dessein d'éviter environ 150 000 tonnes de déchets par an (couverts, gobelets, assiettes), si l'on suit les estimations du ministère de la transition écologique, représenté par Christophe Béchu. Sont notamment concernés les 40 000 restaurants fast food qui, comme le rappelle Le Monde, servent jusqu'à 6 milliards de repas par an. Avec cette mesure, c'est donc un nouveau pas vers l'antigaspillage, et notamment la fin du plastique à usage unique, qui semble entrepris.
Vraiment ?
Cependant, tout n'est pas au mieux dans le meilleur des mondes. Car cette interdiction n'est pas sans nuances. L'exemple le plus évident ? Les couverts jetables restent de mise... Dans le cadre des menus à emporter. La mesure concerne avant tout les repas pris sur place, ce qui devrait déjà bousculer les chiffres. Comme le rappelle Le Monde, la vente à emporter représente jusqu'à 70 % du chiffre d'affaires de certains établissements.
De plus, cette interdiction concerne principalement les établissements de restauration rapide ayant une capacité d'au moins 20 places assises, et non les autres. Ce sont avant tout les grandes enseignes de fast food qui se voient concernées - ce qui une nouvelle fois exclue bien des établissements de l'équation des couverts réutilisables. On est donc encore loin de la révolution "green" attendue. D'autant plus que dans son reportage, Le Monde met en lumière diverses attitudes de gérants : attentes de l'application de la loi chez la concurrents, réflexions quant aux aménagements nécessaires pour "installer un lave-vaiselle", ou simplement, méconnaissance de la loi.
"Nous déployons au rythme de nos franchises, dont les contraintes sont toutes différentes. Dans certains restaurants, il a fallu pousser les murs pour faire rentrer ces nouveaux équipements pour laver la vaisselle à haute température dans des cuisines millimétrées", explique ainsi auprès du journal Muriel Ress, directrice de la communication pour Burger King. Une campagne de contrôle devrait être mise en place en 2023 afin de vérifier la bonne application de cette mesure bien intentionnée mais encore balbutiante.