Adopter des gestes éco-responsables au quotidien est un défi de taille, certes, mais immensément nécessaire. Remplacer les substances problématiques, réduire au maximum le recours aux produits polluants à usage unique, mettre un frein à une surconsommation toxique... Autant de réflexes green qui doivent désormais faire partie de notre routine. L'un des aspects majeurs de ce comportement plus conscient, d'ailleurs, c'est la remise en cause de notre rapport au plastique.
D'après l'Unep, le programme environnemental des Nations Unies, seuls 9 % de tous les déchets plastiques jamais produits ont été recyclés. Environ 12 % ont été incinérés, tandis que le reste - 79 % - s'est accumulé dans des décharges, des dépotoirs ou dans l'environnement naturel. Notamment, dans les océans, où 8 millions de tonnes de plastique échouent chaque année, nuisant directement à la faune et à la flore sous-marines. Et plus tard, à nos vies. Un constat tragique qu'on tente de limiter à notre échelle, en repensant rigoureusement nos propres habitudes.
Seulement, comment garder ces gestes écolos lorsque l'on part en vacances ? Lorsque nos repères changent, qu'on peut moins contrôler les déchets que l'on émet ? Difficile de conserver cette ligne de conduite en dehors de son foyer, en France comme à l'étranger, pense-t-on. Pas totalement à raison.
Car en anticipant et en se renseignant sur la provenance de ce qu'on achète ou de ce qu'on consomme sur place, on peut parvenir à déconnecter sans sacrifier nos convictions. On a rassemblé quelques manières d'y arriver.
Tout commence par la valise. Par s'assurer que l'on n'oublie rien à l'aide d'une liste d'objets à emporter en fonction de la destination et de la durée du séjour, d'abord. De quoi éviter le passage au supermarché pour une brosse à dents, à cheveux qu'on possède déjà... chez nous. Et puis, par l'ajout de matériel indispensable à nos sorties.
Au lieu d'une dizaine de maillots de bain, souvent conçus en matière plastique quand ils ne sont pas estampillés éthiques, on glisse une gourde pour nos balades, des couverts, des assiettes, des récipients réutilisables et des serviettes en tissu pour nos pique-niques, ou encore des sacs en tissu pour les courses.
Qui dit valise dit trousse de toilette, et souvent, produits peu recommandables d'un point de vue responsable. Il n'y a qu'à voir différents rapports d'ONG sur l'impact de l'industrie de la beauté sur l'environnement - qu'il s'agisse de la formule des produits comme de leur emballage - pour s'en persuader.
"Prenons l'exemple révélateur des microbilles utilisées dans certains exfoliants", illustre Amarjit Sahota, fondateur de Ecovia Intelligence, auprès du magazine Elle Belgique, "5 % des particules polluantes - qui se retrouvent dans nos océans - proviennent des cosmétiques".
La solution ? Embarquer ce qu'on a déjà à la maison pour ne pas racheter, et si on est à court, miser sur des versions plus respectueuses de la planète comme de nos peaux. Des shampoings solides qu'on réalise soi-même, de la crème solaire écolo, des huiles naturelles multifonctions (comme la coco, l'argan ou l'aloe vera) qui servent aussi bien de crème hydratante que d'après-soleil... Le tout transporté dans des boîtes que l'on trouvera aisément au fond de nos placards, avec deux lingettes démaquillantes réutilisables et l'oriculi pour remplacer les cotons-tiges.
Coriace est la tentation de craquer pour une paire de raquettes, un matelas gonflable, une frite, un équipement de plongée - qu'on oubliera dans le coffre de la voiture de location - à notre arrivée à la plage. Cette année en revanche, on résiste.
Toutefois, si le divertissement des plus jeunes membres de notre famille, et donc notre tranquillité, en dépend, on se rabat sur plusieurs options : "Privilégier la réutilisation d'une année sur l'autre des pelles, seaux, ballons, matelas pneumatiques", conseille l'asso No plastic in my sea au Parisien, qui concède qu'il est "difficile de trouver des jeux de plage sans plastique", ou en acheter d'autres, lorsque les nôtres sont en piteux état.
Des modèles d'occasion sur des plateformes de seconde main type Vinted, ou créés à partir de matériaux naturels. Comme ceux de la marque PlanToys, qui propose tout un attirail en bois d'hévéa recyclé.
Encore une fois, pour mieux consommer, l'anticipation est la clé. Dès qu'on sort, on fait attention à se munir de sacs réutilisables au cas où l'on s'arrêterait faire quelques emplettes à l'improviste (au stand d'abricots et de melons sur le bord de route en Provence, ou de fromage et charcuterie dans une fruitière alpine).
A ce sujet, on peut également cibler les commerces que l'on visite pour faire marcher le circuit court. Ceux de petits producteurs pour ce qui est des courses du quotidien, mais aussi des restos qui ont recours à des produits bio et/ou localement sourcés.
D'où l'importance d'une gourde dans nos bagages. Afin de ne avoir à se procurer une énième bouteille en plastique au snack du coin, on trimbale sa gourde n'importe où et on fait surtout attention à ce qu'elle ne soit jamais vide d'eau (potable, doit-on le préciser). Le matin avant de partir, en journée aux fontaines mises à disposition un peu partout dans certains pays.
Un réflexe qui peut toutefois s'avérer plus compliqué en fonction de la région que l'on visite. Dans ce cas-là, histoire de ne pas risquer notre santé, on opte pour l'achat de bidons d'eau (de 5 litres ou plus) plutôt que d'un pack de 6 bouteilles, et on remplit là encore sa gourde chaque jour.
On dit non à la serviette en papier et à la cuillère en plastique chez le glacier, ou encore à la paille en papier (le modèle en plastique est interdit depuis janvier 2021) au déjeuner, à l'apéro et au dîner. A ce sujet, pour les enfants qui auraient du mal à boire sans, il existe des alternatives en inox ou en bambou, réutilisables pour le coup.
Même chose sur le marché du coin, avise le blog YouMatter, qui encourage vivement à faire savoir que l'on se passera de contenants jetables pour transporter des olives, des légumes ou même des pâtisseries. Et ce, même lorsqu'on craint la réponse en face. "La plupart des gens n'osent pas dire non ou faire savoir qu'ils ont leur propre contenant, car ils ont peur de déranger, de paraître impoli", écrit le site engagé. "Mais en expliquant votre démarche, au contraire, il y a de fortes chances que vous vous attiriez la sympathie de votre interlocuteur, qui vous racontera par la même occasion qu'il s'est mis ou remis au compost il y a peu."
Ou comment créer du lien social autour de notre envie - partagée - d'un monde meilleur, et retrouver un peu d'espoir, aussi. Un ingrédient non négligeable en ces temps plus qu'incertains.