Bientôt, les femmes qui emprunteront la ligne de train reliant les villes de Leipzig et de Chemnitz, en Allemagne (1h45 de trajet), pourront voyager dans un wagon spécialement affrété à leur intention, et dans lequel les hommes n'auront pas le droit de s'asseoir. C'est ce qu'a déclaré vouloir prochainement mettre en application la compagnie ferroviaire Mitteldeutsche Regiobahn.
La mesure, visant à endiguer le phénomène du harcèlement dans les transports, devrait permettre selon la compagnie d'encourager une atmosphère plus sûre pour l'ensemble des voyageuses.
Les deux compartiments réservés aux femmes et aux enfants seront situés à l'arrière des trains et à proximité de la cabine du personnel de bord. Les garçons y seront également admis jusqu'à l'âge de dix ans.
Alors qu'en France, un rapport remis en avril dernier par le Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes (HCEf/h) affirmait que 100% des utilisatrices des transports en commun avaient déjà été victimes de harcèlement sexiste ou sexuel, la mise en place de voitures spécial femmes a suscité la controverse en Allemagne.
La Mitteldeutsche Regiobahn a notamment été accusée de jouer le jeu de l'extrême-droite et d'appliquer une telle mesure en réaction aux événements de Cologne. Dans la nuit du Jour de l'An, près d'une centaine de femmes avaient été agressées, certaines sexuellement, par des hommes accusés dans un premier temps d'être des réfugiés. Ces agressions, attribuées à des groupes de 20 à 30 jeunes hommes ivres encerclant les victimes, se sont essentiellement concentrées autour de la cathédrale et de la gare centrale de Cologne. Au total, plus de 1 100 plaintes ont été reçues en relation avec les événements du Nouvel An à Cologne, dont plus de 480 accusations d'agression sexuelle.
Certaines associations féministes allemandes ont aussi déploré la décision de la Mitteldeutsche Regiobahn. Elles estiment en effet que la lutte contre le harcèlement sexuel devrait faire de la prévention non pas auprès des victimes potentielles, mais auprès de ceux qui en sont les auteurs.
De son côté, la compagnie ferroviaire a assuré que ces voitures réservées aux femmes étaient sans lien apparent avec les événements de Cologne et ne servaient qu'à garantir la sécurité des voyageuses.
Ce n'est pas la première fois que des wagons spécial femmes sont mis en place. Le Japon, l'Inde, le Brésil, le Mexique ou encore l'Iran les ont déjà expérimentés, avec plus ou moins de succès. A l'automne 2014, c'était au tour du métro londonien de réfléchir à la mise en place de "wagons roses" pour lutter contre la hausse des agressions sexuelles.