"Stop, ça suffit". C'est le nom de la vaste campagne lancée ce lundi 9 novembre par le gouvernement pour lutter contre le harcèlement sexiste dans les transports. Présentée par la secrétaire d'État aux droits des femmes Pascale Boistard et son homologue en charge des transports Alain Vidalies, elle vise "faire évoluer les comportements, pour qu'aucune agression ne soit banalisée ou ignorée". Elle incite aussi les témoins d'agression sexistes à réagir et à ne pas laisser la victime seule face à son agresseur. "C'est une campagne pour réveiller un petit peu la société, pour la mobiliser", a déclaré ce matin Pascale Boistard sur i>Télé .
Car il y a urgence à agir. Selon un rapport accablant remis en avril dernier à Marisol Touraine et Pascale Boistard par le Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes (HCE/fh), 100% des utilisatrices des transports ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles, qu'elles en soient conscientes ou non. Dans 50% des cas, les victimes de harcèlement dans les transports sont mineures. Dans les transports en commun, les femmes sont aussi les principales victimes d'injures et insultes, tout comme la majorité des victimes de violences sexuelles. L'agression d'une jeune femme il y a quinze jours dans un train en direction de Mantes-la-Jolie, relayée par une internaute sur le site de Paye ta Shnek, est là pour rappeler que le sentiment d'insécurité que ressentent les utilisatrices des transports en commun n'est ni fortuit, ni invraisemblable.
C'est ce constat qui a poussé le gouvernement à dévoiler en juillet son plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports, dont la campagne nationale est l'un des principaux volets.
Outre un clip vidéo dans laquelle on entend les approches des harceleurs, de "Mademoiselle" à "Réponds sale chienne", la campagne nationale sera également déclinée sur des affiches et panneaux numériques dans les métros, transports et gares des grandes villes, ainsi que sur Internet et sur les réseaux sociaux grâce au hashtag #HarcèlementAgissons .
La campagne vise aussi à rappeler aux harceleurs que leur comportement, en plus d'être inacceptable, tombe aussi sous le coup de la loi. Proférer des injures et des menaces peut leur valoir 6 mois de prison et 22 500 euros d'amende. Les mains aux fesses, les baisers forcés ou les frottements dans une rame bondés sont eux passibles d'une peine de 5 ans de prison et de 75 000 euros d'amende.
Nécessaire, cette campagne de sensibilisation au harcèlement sexuel ne peut néanmoins suffire pour enrayer les violences sexistes dont sont victimes les femmes dans les transports en commun.
Dans le cadre du plan de lutte contre le harcèlement annoncé le 9 juillet, deux numéros d'alerte, l'un pour la SNCF (31-17) et l'autre pour la RATP (32-46), ont été lancés afin d'encourager les victimes de violences à dénoncer leur harceleurs et éventuellement à faire intervenir les forces de sécurité. À partir du 7 décembre, ces deux numéros seront aussi accessibles par SMS afin de signaler plus discrètement les situations d'urgence.
Contactée par Terrafemina, Olga Volfson de#StopHarcèlementDeRue se dit globalement satisfaite par les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le harcèlement dans les transports. L'association féministe, qui a participé aux consultations pour l'élaboration de la campagne, attend désormais à ce que la lutte contre le harcèlement soit étendue non seulement aux comportement sexistes, mais aussi LGBTphobes et racistes. "Cette campagne est un bon début, même si elle n'aborde pas tous les problèmes, explique Olga. Pour la première fois, le gouvernement s'est saisi de la question du harcèlement, les médias en parlent, et ça c'est très positif. Ça ne peut que contribuer à faire évoluer les mentalités."
Pour célébrer le lancement de la campagne, #StopHarcèlementDeRue invite les usagers des transports en commun à faire des selfies devant les affiches. L'objectif ? Sensibiliser le public aux violences sexistes mais aussi "savoir où se trouvent les affiches".