Société
Harcèlement dans les transports : le gouvernement dévoile son plan national anti-relous
Publié le 9 juillet 2015 à 18:20
Par Charlotte Arce | Journaliste
Prévenir et réagir contre les violences sexistes dans les transports en commun et accompagner les victimes : c'est l'ambition du gouvernement, qui présente ce jeudi 9 juillet au matin son plan national contre les violences sexuelles que 100% des femmes ont déjà subi que ce soit dans le bus, le métro ou le train.
Harcèlement dans les transports : le plan en 12 points du gouvernement sera-t-il suffisant ? Harcèlement dans les transports : le plan en 12 points du gouvernement sera-t-il suffisant ?© Sipa, Valinco
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Les mains aux fesses, les insultes susurrées au creux de l'oreille ou les sifflements concupiscents quand on marche sur le quai de la gare ou qu'on voyage en métro : ces comportements sexistes sont la plaie quotidienne des utilisatrices des transports en commun.


Pire, selon un rapport accablant remis en avril dernier à Marisol Touraine et Pascale Boistard par le Haut Conseil à l'Égalité femmes-hommes (HCE/fh), 100% des utilisatrices des transports ont été victimes au moins une fois dans leur vie de harcèlement sexiste ou d'agressions sexuelles, qu'elles en soient conscientes ou non. Dans 50% des cas, les victimes de harcèlement dans les transports sont mineures. Dans les transports en commun, les femmes sont aussi les principales victimes d'injures et insultes, tout comme la majorité des victimes de violences sexuelles.


C'est pour lutter contre ce "phénomène mal connu et largement minimisé ou normalisé" que le gouvernement a dévoilé ce jeudi 9 juillet son plan national de lutte contre le harcèlement dans les transports. Accompagnée par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et du secrétaire d'État aux transports Alain Vidalies, Pascale Boistard a présenté ce matin à la Gare du Nord (Paris Xe) 12 propositions concrètes élaborées en concertation avec la SNCF et la RATP ainsi que les associations d'usagers.


L'objectif ? Endiguer le phénomène du harcèlement dans les transports en commun en libérant la parole de ses victimes. D'ailleurs, rappelle la secrétaire d'État aux droits des femmes dans les colonnes du Parisien, le choix de la Gare du Nord n'a rien de fortuit : "C'est là que j'ai participé, en mars dernier, à une marche participative d'usagères, et c'est l'une des premières initiatives que notre plan s'engage à développer. Les femmes doivent être effectivement associées à l'élaboration de réponses concrètes contre ce phénomène inacceptable."


Prévenir et sensibiliser au harcèlement dans les transports en commun

Parmi les douze engagements émis par le gouvernement, ces "marches participatives" d'usagères des transports en commun font office de mesure-phare. Au cours de celles-ci, les femmes pourront visiter les stations de métro, les gares et les wagons de train afin d'"identifier les aménagements insécurisants ou pouvant être améliorés (éclairage, présence humaine, vidéo protection, rame d'un seul tenant...)".


Autre expérimentation promise : celle de l'arrêt à la demande pour les bus de nuit. Initiée à Nantes, elle devrait permettre aux usagers de ne pas effectuer de trop longs trajets à pied dans des lieux mal éclairés et/ou peu sécurisants.


Par ailleurs, Pascale Boistard a annoncé le financement dès octobre d'une campagne de sensibilisation. Soutenue par les transporteurs, qui ont promis de jouer le jeu avec un système d'affichage et des outils de communications, elle visera à dissuader le harcèlement et les violences sexistes et à "inviter les témoins à être solidaires face à ces situations".
Autre objectif de la campagne nationale : mieux faire connaître le numéro d'alerte de la SNCF (31-17) et celui de la RATP (32-46) afin d'encourager les victimes de violences à dénoncer leur harceleurs par et éventuellement à faire intervenir les forces de sécurité. "On veut étendre, faire connaître et harmoniser ces numéros, sans doute en les fusionnant, indique Pascale Boistard au Parisien. Mais on travaille aussi à des moyens plus discrets de signaler une agression, parce que les témoins ont souvent peur d'intervenir : une alerte SMS et une application qui permettrait de géolocaliser l'incident."


Enfin, les transporteurs se sont engagés à mieux former leur personnel pour accompagner les victimes de harcèlement, à oeuvrer pour plus de mixité dans les métiers des transports et à lutter contre les messages et publicités sexistes affichés dans les gares et stations.

Un enthousiasme mesuré du côté des associations

"Ces mesures sont très positives car elles s'ancrent dans le long terme, se félicite Alice Barbe, membre du collectif #StopHarcèlementDeRue. Il y a une vraie volonté du gouvernement de s'inscrire dans la durée et pour un changement des mentalités au niveau du harcèlement et des violences faites aux femmes. Après, on attend désormais de voir comment ça va être mis en oeuvre. Nous sommes au mois de juillet, les mesures annoncées sont prévues pour l'automne, voire cet hiver."

Du côté d'Osez le féminisme !, l'enthousiasme est plus modéré : regrettant l'absence "de budget, d'évaluation" précis du plan national, l'association féministe attend davantage de précisions sur ces actions, "souvent incitatives."

"Il y a des éléments très positifs mais on continue d'être dans une réponse très sécuritaire qui place les femmes dans une situation de victimes", déplore pour sa part dans Le Monde la sociologue Chris Blache.

Une critique à laquelle n'adhère pas forcément Alice Barbe. "Il y a un an, on parlait de tenues provocatrices qui auraient incité ce genre de comportement. Là, il s'agit d'un plan qui s'adresse certes aux victimes de harcèlement, mais aussi à tous les usagers des transports en commun mais aussi aux transporteurs et aux entreprises qui diffusent des publicités sexistes."

#StopHarcèlementDeRue, qui a été consulté par le HCE/fh qui a participé à l'élaboration du plan national, constate d'ailleurs une nette prise de conscience des usagers des transports quant au fléau du harcèlement sexiste. "Nous allons une fois par mois à la rencontre des usagers du métro et on constate de plus en plus une évolution des mentalités et un ras-le-bol qui s'est transformé en une volonté d'agir."

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